Des actions doivent être menées au Maroc pour réduire la pollution émanant du secteur du BTP, de l'industrie et des transports individuels, ces derniers étant encore privilégiés au Maroc dans les plans de développement régionaux. Alors que 196 pays sont actuellement réunis à Madrid pour la conférence des Nations unies sur le climat (COP25), jusqu'au 13 décembre, le bilan annuel du Global Carbon Project sonne comme un nouvel avertissement. D'après ce consortium de 76 scientifiques issus de 58 laboratoires internationaux, la croissance de ces rejets principaux responsables du dérèglement climatique a ralenti cette année, indique Le Monde. Mais – car il y a bien un mais – les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) d'origine fossile ne cessent, inexorablement, d'augmenter. En 2019, les émissions mondiales de CO2 issues de la combustion des énergies fossiles, de l'industrie et des cimenteries devraient s'élever à 37 milliards de tonnes, enregistrant une progression de 0,6% par rapport à l'année précédente, d'après les résultats publiés dans les revues Nature Climate Change, Environmental Research Letters et Earth System Science Data. Cette hausse est toutefois moins importante que celle recensée en 2018 (+ 2,1 %) et en 2017 (+ 1,5 %). 66 tonnes de GES émises par le Maroc Selon un atlas interactif, le Maroc a émis l'an dernier 66 tonnes de CO2 (MtCO2), deux fois plus que la Tunisie (32 tonnes) mais beaucoup moins que l'Algérie (156). Le royaume se positionne comme le 51e émetteur mondial, contre 34e pour l'Algérie et 74e pour la Tunisie. En Afrique du Nord, l'Egypte s'impose comme le plus gros émetteur d'émissions fossiles, avec 239 tonnes (26e mondial), tandis que la Mauritanie est quant à elle très peu émettrice (2,7 MtCO2, 147e mondial). Enfin, les émissions de la Libye, 55e mondial, sont estimées à 54 MtCO2. A l'échelle nord-africaine, le Maroc est donc le troisième émetteur de GES, derrière l'Egypte, première, et l'Algérie, deuxième, suivi de la Libye, la Tunisie et la Mauritanie. Dans la région Moyen-Orient, c'est l'Arabie saoudite qui est le plus gros émetteur de CO2 (621 MtC02) et figure ainsi dans la liste des 10 premiers émetteurs mondiaux, à la 9e place, suivie des Emirats arabes unis (206 MtCO2, 30e mondial), de l'Irak (204, 31e mondial) et du Koweit (98, 41e mondial). Viennent ensuite Oman (67, 50e mondial), Bahrein (31, 75e mondial), la Jordanie (83e mondial) et le Liban (82e mondial). Les émissions de ces deux pays cumulent à même hauteur, à savoir 24 MtCO2. Enfin, les plus faibles émetteurs de CO2 sont le Yémen (10, 103e mondial), la Syrie (28, 78e mondial) et la Palestine (3,2, 144e mondial). La Chine est le plus gros émetteur mondial de CO2 suivie des Etats-Unis et de l'Europe. Inertie mondiale L'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) ont récemment dénoncé l'inertie mondiale en matière de réduction des émissions des gaz à effet de serre. Signataire de l'Accord de Paris sur le climat en 2015, puis hôte de la COP22 en 2016, le Maroc s'est engagé à réduire de 42% ses émissions de GES d'ici 2030. En réaction au constat alarmant formulé par le PNUE et l'OMM, Abderrahim Ksiri, coordinateur national de l'Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), avait estimé auprès de notre rédaction que des actions devaient encore être menées pour réduire la pollution émanant des secteurs du BTP et de l'industrie. A titre d'exemple, l'analyse des plans de développement de deux régions, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, effectuée par l'AMCDD, démontre que leur approche de développement continue de privilégier le transport individuel. «Leur démarche ne s'inscrit pas dans le respect de l'environnement et du développement durable», déplorait le coordinateur de l'AMCDD.