Dans un discours très attendu, prononcé le 25 juin à l'Université de Georgetown, le Président américain a dévoilé un nouveau plan pour lutter contre le changement climatique. Il s'est notamment attaqué aux émissions de CO2 des centrales électrique à charbon. Après un premier mandat où la politique environnementale n'avait pas particulièrement occupé le rang de priorité, la lutte contre le changement climatique va-t-elle revenir sur le devant de la scène politique américaine ? C'est ce que de nombreux observateurs veulent croire après le plan annoncé par Barack Obama le 25 juin, à l'université de Georgetown. Dans son discours, le Président américain a insisté sur l'urgence de la situation. «En tant que Président, en tant que père, et en tant qu'Américain, je suis ici pour dire que nous devons agir». Car, «partout dans le pays, les Américains payent déjà le coût de l'inaction à travers l'enchérissement des assurances et des taxes, et du coût de la reconstruction et de l'aide aux sinistrés». Cela se chiffre en centaine de milliards de dollars, comme le montre le très pédagogique graphique de la Maison blanche. L'inversion de la balance ne sera cependant pas aisée. Les Etats-Unis sont avec la Chine, les plus gros émetteurs de CO2 avec près de 20% des émissions mondiales. Celles-ci ont augmentée de 35% en 30 ans même si elles ont baissé de 12% depuis 2007 du fait de l'utilisation accrue de gaz naturel (issu des gaz de schiste) au détriment du charbon, massivement exporté. Les mesures Des normes pour les centrales. «Aujourd'hui 40% de la pollution carbonique américaine vient de nos centrales électriques», fonctionnant essentiellement au charbon. Pourtant jusqu'ici «il n'y a aucune loi fédérale imposant des normes» sur les émissions de CO2 souligne Barack Obama. L'agence de protection de l'environnement (EPA) est donc chargée, en collaboration avec l'Etat, l'industrie et autres parties prenantes, d'établir des normes de pollution au gaz carbonique pour les centrales. Elles devraient être prises d'ici fin juin 2014 et entrer en service un an plus tard. En usant de l'ordonnance présidentielle, le Président évite de se confronter à un Congrès très crispé sur le sujet mais des procédures judiciaires sont attendues contre l'EPA. De fait la Cour suprême a déjà été saisie par la chambre de commerce américaine pour «violation de l'esprit du Clean Air Act». Des investissements dans les greentechs et l'efficacité énergétique. 8 milliards de garanties de prêts vont être débloquées sur 10 ans pour les technologies innovantes dans les énergies fossiles et l'efficience énergétique. Le nombre de permis délivrés pour les énergies renouvelables (solaires et éoliennes) devra aussi être suffisant pour fournir de l'électricité à 6 millions de foyers d'ici 2020. Pour montrer l'exemplarité de l'Etat, le département de la Défense, premier consommateur d'énergie américain, va installer 3 GW d'énergies renouvelables sur ses bases pour économiser 3 millions de tonnes de charbon, assure Barack Obama. 100 MW renouvelables devront aussi être installés d'ici 2020 dans des logements sociaux fédéraux. Et des standards d'efficience énergétique vont être imposés aux équipements et bâtiments publics avec pour objectif de réduire les émissions de CO2 de 3 milliards de tonnes d'ici à 2030, soit la moitié des émissions annuelles du pays. Les poids lourds seront également soumis à des normes plus strictes d'émissions. Des coupes dans les énergies fossiles. Barack Obama appelle le Congrès à supprimer les allègements fiscaux octroyés aux grosses compagnies pétrolières et à investir dans les sociétés orientées sur les énergies propres. Coopération climatique. Comme il l'a fait avec la Chine début juin, le Président Obama plaide pour une meilleure coopération avec les pays émergents sur le front de la lutte contre le changement climatique. Il plaide aussi pour un accord « ambitieux » dans le cadre des négociations onusiennes. Objectif (renouvelé): -17% des émissions de GES d'ici 2020 par rapport 2005. Des mesures applicables ? Le Congrès est cependant très rétif à un renforcement de la législation environnementale. En 2010, lors de la première mandature Obama, il avait par exemple rejeté la création d'un marché carbone sur le modèle européen pour limiter les émissions de gaz à effet de serre des secteurs industriels les plus polluants... De là, les appels récurrents à l'Union de tous les partis, dans un discours, ponctué à la fois de pics envers l'inaction des Républicains et la référence à des mesures prises sous présidence républicaine comme le Clean Air Act en 1970. Pas sûr qu'il a ait été entendu. L'opposition républicaine a très vite réagi en dénonçant une « Guerre au charbon » d'Obama qui serait coûteuse et irréaliste. Quant aux producteurs américains d'électricité très visés par le plan, ils souhaitent être assurés que «toute nouvelle politique ou règlementation pour réduire les émissions de CO2 des centrales au charbon existantes prévoit des limites et un calendrier réalistes, minimise le coût pour les consommateurs et soit cohérente avec les investissements des entreprises pour assurer la transition vers une énergie propre», déclare l'Edison Electric Institute (EEI) qui représente les compagnies d'électricité appartenant à des actionnaires américains (soit 70 % de l'industrie américaine du secteur).