L'année 2009 représente une année cruciale dans la lutte contre le réchauffement climatique. Du 7 au 18 décembre se tient la 15e conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague, au Danemark. L'ONU espère conduire 192 pays à signer un nouveau traité international destiné à succéder au protocole de Kyoto, qui prend fin en 2012. En 1997, ce texte engageait les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % en 2012 par rapport à 1990, tandis que les pays en voie de développement n'étaient soumis à aucune contrainte. Si la situation paraissait mal engagée il y a encore quelques semaines, les récentes annonces des Etats-Unis et de la Chine, à quelques jours de l'ouverture du sommet, ont redonné un élan aux négociations. Car malgré les interprétations des données par les climato-sceptiques, les événements intervenus sur la planète depuis 1997 montrent qu'un nouvel accord est indispensable : la Chine est devenue le premier émetteur de CO2 de la planète, dépassant les Etats-Unis – qui restent toutefois le numéro un par habitant–, le prix du pétrole a atteint des sommets et une crise financière a frappé de plein fouet l'économie mondiale. L'année 2008 aura également battu des records en terme d'émissions mondiales de CO2, selon le rapport annuel du consortium scientifique Global Carbon Project. Dès 2007, un rapport du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) tirait la sonnette d'alarme. L'objectif du sommet est donc d'élargir l'accord aux Etats-Unis, qui avaient signé le protocole de Kyoto mais ne l'avaient jamais ratifié, et à des pays «en transition économique» comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Mais les Américains négocieront d'autant plus leurs intérêts que la crise économique a été aiguë et que les émissions de la Chine dépassent dorénavant les leurs en volume global. De leur côté, avant de s'engager, les pays émergents revendiquent un effort financier réel de la part des pays du Nord, qu'ils considèrent comme les responsables historiques du réchauffement climatique. Mais à une semaine du sommet, beaucoup de points restaient encore à régler : les chiffres de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment des pays industrialisés, et le financement du futur accord, indispensable pour aller vers un développement propre et pour aider les pays les plus vulnérables à s'adapter aux changements climatiques. Depuis quelques semaines, les responsables politiques, dont beaucoup se rendront au sommet, ne dissimulent plus leur pessimisme sur la possibilité d'arriver à un accord légalement contraignant. La dernière session de négociations, début novembre à Barcelone, a avalisé le constat selon lequel le sommet de Copenhague ne déboucherait que sur un « accord politique » renvoyant la conclusion d'un traité international à 2010. «Si nous avons déjà à Copenhague des objectifs clairs (...), et je suis confiant à ce sujet, alors on pourra fixer cela dans un traité six mois plus tard», a ainsi déclaré mi-novembre le responsable climat de l'ONU , Yvo de Boer. Le contenu d'une «décision» se dessine Sera –t-il possible de parvenir à un «protocole de Copenhague» lors de la conférence mondiale sur le climat, dite COP 15 ? Le scénario suivant est maintenant posé : parvenir à un accord politique sur les principaux points à Copenhague, accord qui serait finalisé en un traité ou protocole courant 2010. Ce scénario donnerait notamment le temps aux Etats-Unis de faire adopter le projet de loi sur le climat par le Congrès, leur permettant ainsi de ratifier le traité.»Il s'agit de parvenir à une décision dans le cadre de la Conférence sur le climat, un texte légal, pas une simple déclaration politique de type G 20», explique-t-on dans l'entourage de Connie Hedegaard, la ministre danoise de l'environnement, qui présidera la conférence en décembre. La déclaration commune franco-brésilienne s'inscrit dans ce scénario. Le texte mentionne les points essentiels à l'obtention d'un accord à Copenhague : - Appel à réduire d'ici à 2050 les émissions mondiales d'au moins 50 % par rapport à 1990 ; - Adoption par les pays riches de «trajectoires» de réduction de leurs émissions conduisant à moins 80 % en 2050 ; - Acceptation par les pays en développement d'une «déviation substantielle de l'augmentation de leurs émissions», par rapport à un scénario de poursuite des tendances sans changement . Il reste que la déclaration franco-brésilienne, préparée sans concertation suffisante avec les Européens, a été fraîchement accueillie par le Danemark, qui met en musique le sommet de décembre : un communiqué de Connie Hedegaard a simplement salué «le plan Brésilien» de réduction des émissions.Les voies parallèles de négociation se poursuivent par de nombreux contacts bilatéraux. Mais in fine, indique un négociateur européen, «il faut que les textes en préparation sortent en pleine lumière, parce qu'ils devront être acceptés par les pays qui n'ont pas été consultés».Rien n'est joué. Les pays d'Asie-Pacifique n'ont pas endossé, le 15 novembre, l'objectif mondial de réduction de 50 % des gaz à effet de serre d'ici à 2050, tandis que les pays d'Afrique protestent contre l'idée de l'abandon à court terme d'un protocole contraignant. Les Etats-Unis et la Chine abattent leurs cartes L'administration Obama a-t-elle craint d'être le bouc émissaire d'un éventuel échec du Sommet de Copenhague ? Le président américain s'est-il, comme il l'a dit, senti suffisamment encouragé par les «progrès» réalisés avec les dirigeants chinois et indiens, qu'il vient de rencontrer à dix jours d'intervalle ? Alors que les Européens redoutaient qu'il ne mette aucun engagement sur la table, en l'absence d'une décision du Congrès, la Maison Blanche a annoncé que Barack Obama se rendra à Copenhague et qu'il y présentera un engagement chiffré des Etats-Unis pour 2020 (réduction des émissions de 17 % sur la base de 2005). C'est la première fois depuis plus de dix ans que Washington s'engage sur un objectif chiffré de réductions d'émissions de gaz à effet de serre dans une négociation internationale. Emboîtant le pas aux Américains, la Chine a, à son tour annoncé qu'elle était prête à réduire l'intensité en carbone de son activité économique de 40 % à 45 % d'ici à 2020. Les deux plus gros pays pollueurs de la planète arriveront donc à Copenhague avec des engagements concrets. M. Obama a décidé de se rendre dans la capitale danoise, mais à une date qui lui convienne et qui tienne compte du fait que le Sénat, qui devra ratifier l'éventuel accord, n'a pas encore pris position. Le président arrivera à Copenhague le 9 décembre sur le chemin d'Oslo, où il doit recevoir le prix Nobel de la paix, alors que le sommet des chefs d'Etat, auquel 65 dirigeants du monde doivent participer, a lieu le 17 décembre. Le président américain n'a pas formellement dit qu'il ne serait pas à la clôture de la conférence, mais les observateurs estiment qu'il peut difficilement s'absenter deux fois de Washington en une semaine, alors qu'il est personnellement engagé dans un lobbying intense auprès des sénateurs pour faire passer sa réforme de l'assurance-maladie avant Noël.Pour Paul Bledsoe, de la Commission nationale pour la politique énergétique, un groupe qui représente l'industrie, les consommateurs et le gouvernement, il est logique que le président ne souhaite pas apparaitre dans la deuxième phase du sommet. «Cela n'enverrait pas le meilleur signal au sénat si le président négociait avec les chefs d'Etat alors que la législation est toujours en suspens au Sénat», a dit cet expert interrogé par la télévision publique PBS. Selon Mike Froman, le «sherpa» du président américain, M. Obama a estimé que sa présence pourrait «donner de l'élan aux négociations» et «augmenter les chances de succès». Sur le fond, le président a décidé de présenter un engagement qui correspond à celui qui figure dans la loi Waxman/Markey, le texte qui a été adopté par la Chambre des représentants à l'été. Si le Sénat adopte un objectif plus contraignant, - une réduction de 20 % a été proposée - c'est celui là qui sera la base de la négociation. A moyen terme, l'administration Obama souhaite réduire les émissions de 30 % d'ici à 2025, 42 % d'ici à 2030 et 83 % d'ici à 2050. Pour le sénateur démocrate John Kerry, la décision montre que l'administration Obama entend «prendre le leadership sur le changement climatique» et pas seulement montrer que la page est tournée sur la politique de George Bush. Introduit fin septembre, la discussion sur le projet de loi s'est enlisée, paralysée par les Républicains, très hostiles à ce qu'il estiment être une taxe supplémentaire. Pour Samuel Thernstrom, ancien membre du conseil de George Bush sur l'environnment, «la loi a peu de chances d'être adoptée en 2010» alors que se profilent de difficiles élections en novembre et que l'économie reste le souci prioritaire des électeurs. Selon un sondage publié par le Washington Post, le pourcentage des Américains qui croient à la réalité du changement climatique est tombé en un an de 80 % à 72 %. Ce recul est du aux Républicains qui ne sont plus que 54 % à accepter que l'activité humaine est à la source du rechauffement. Cap sur 2030 En Europe, l'annonce de Barack Obama a été accueillie de façon mitigée. Tout en saluant le geste, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso s'est bien gardé de commenter les objectifs proposés. Il y a en effet une bonne et une mauvaise nouvelle dans l'annonce américaine. Certes, Barack Obama viendra à Copenhague avec des objectifs chiffrés. Mais pas en même temps que les autres chefs d'Etat et avec un niveau d'ambition toujours très loin de ce qui est attendu des pays industrialisés. Rapportés non plus à 2005 mais à 1990 — qui est l'année de référence retenue par le protocole de Kyoto pour mesurer les efforts des pays industrialisés — la réduction américaine des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 n'est plus de 17 % mais de 4 %. Et à l'horizon 2030, la baisse affichée de 42 % se ramène à 22 %. Or, pour contenir la hausse des températures en dessous de 2°C d'ici à la fin du siècle, les pays industrialisés devraient selon les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) réduire leurs émissions de Co2 de 25 % à 40 % d'ici 2020 et de 40 à 60 % d'ici 2030. Le scénario proposé par Barack Obama ne permet donc pas de replacer les Etats-Unis sur la bonne trajectoire. «La position américaine a cependant une grande vertu, selon Emmanuel Guérin de l'IDDRI ( Institut du développement durable et des relations internationales). En proposant un cap pour 2030, elle ouvre la discussion sur les trajectoires de long terme que doivent viser les Etats «. Depuis plusieurs semaines, l'économiste britannique Nicholas Stern recommande de ne pas focaliser toutes les discussions sur 2020 qui est un horizon trop proche pour demander des miracles aux pays qui partent de très loin. Regarder vers 2030 peut-il permettre de donner de l'air à la négociation ? Quoiqu'il en soit, les Etats-Unis comme les Européens n'ont toujours pas dit comment et à quel hauteur ils étaient prêts à financer l'adaptation des pays en développement aux effets du changement climatique et leurs efforts pour atténuer les émissions de CO2. Le secrétaire exécutif de la convention sur le climat des nations Unies, Yvo de Boer a répété, mercredi 25 novembre que le financement fait partie des décisions cruciales pour faire de Copenhague un succès. «Si le soutien financier est insuffisant, cela aura deux conséquences, a rappelé M. de Boer. Les émissions des pays en développement continueront à progresser rapidement et l'impact du réchauffement aura des conséquences graves sur la stabilité sociale et politique de certains pays». Il a plaidé pour l'ocroi dès 2010 de 10 milliards de dollars ( 6,6 milliards d'euros). Les enjeux du sommet de Copenhague En 2007, le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui rassemble des scientifiques du monde entier sous l'égide de l'ONU, a remis son quatrième rapport. Ce dernier est alarmant : les scientifiques de l'ONU mettent en garde contre les conséquences «soudaines», voire «irréversibles», du réchauffement en cours. Le GIEC réaffirme que le réchauffement du système climatique est sans équivoque et qu'il est «très probable» que ce réchauffement soit d'origine humaine. Les scientifiques de l'ONU prévoient une hausse de température moyenne de 1,8 à 4 degrés, pouvant aller jusqu'à 6,4 degrés en 2100 par rapport à 1990. Les experts préconisent un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays développés de 25 % à 40 % d'ici à 2020 par rapport à 1990. Selon eux, une telle réduction est nécessaire si l'on veut limiter le réchauffement à 2 °C, seuil au-delà duquel le système climatique pourrait devenir incontrôlable. Dès lors, les négociations en cours regroupent plusieurs problématiques : De combien les pays développés accepteront-ils de réduire leurs émissions ? L'UE s'est fixé comme objectif, d'ici à 2020, une réduction de 20 % de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 et de 30 % si d'autres pays industrialisés s'y conforment. Les Etats-Unis, de leur côté, ont mis sur la table une réduction de leurs émissions de CO2 de 17 % à 20 % d'ici à 2020 par rapport aux niveaux de 2005, une offre bien modeste puisque rapportée à 1990, l'année de référence adoptée par l'ONU, la réduction n'est plus que de 4 %. La question reste de savoir si ces objectifs satisferont les pays en voie de développement, d'autant que la Chine, qui n'était pas soumise à des objectifs contraignants dans le protocole de Kyoto, a elle-même proposé de réduire d'ici à 2020 ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % à 45 % par unité de produit intérieur brut par rapport à 2005. Quel financement pour les pays en développement ? Un accord ne pourra aboutir sans la mise en place de mécanismes financiers destinés à soutenir des actions d'adaptation au changement climatique dans les pays en développement, principales victimes des changements climatiques. Pour les pays émergents ou en développement, la responsabilité historique du réchauffement climatique incombe aux pays industrialisés, Etats-Unis, Japon et UE en tête, qui ont une obligation morale de lutter contre le réchauffement climatique. Les pays riches reconnaissent cette responsabilité mais ne veulent pas faire un chèque en blanc : ils souhaitent que les pays en développement (à l'exception des plus pauvres) ouvrent également leur portefeuille et présentent des stratégies nationales. Tout le problème est de savoir quel montant les pays industrialisés accepteront de payer. Les Etats-Unis se refusent pour l'instant à avancer une aide chiffrée aux pays en développement, alors que l'Europe a déjà proposé une assistance de 100 milliards d'euros.annuellement de la part des pays riches d'ici à 2020, dont la part européenne pourrait atteindre 30 %, celle des Etats-Unis 24 %, celle du Japon 8 % et celle de la Chine 8 %. Toutefois, cette somme a été jugée insuffisante par les ONG et certains pays de l'UE, notamment en Europe de l'Est, restent réservés face à ces objectifs financiers auxquels ils devront participer. L'autre défi consiste à assurer les transferts de technologies moins émettrices en gaz à effet de serre et à prendre en compte la question de la déforestation. Comment y parvenir ? Le protocole de Kyoto avait mis en place trois mécanismes pour réduire les émission de gaz à effet de serre : celui des permis négociables (marché carbone), le mécanisme de développement propre et la mise en œuvre conjointe. Le principal d'entre eux, le marché carbone, est très critiqué par les ONG, qui considèrent que les crédits carbone reviennent à des droits à polluer. Le Mexique a ainsi proposé d'instaurer un «Fonds vert» alimenté par tous les pays, en fonction du niveau de leurs émissions et de leur produit intérieur brut. Le fonds répartirait ensuite ses ressources aux Etats selon leurs besoins de financement pour les programmes de lutte contre le changement climatique. De son côté, la Norvège propose de mettre aux enchères une partie des quotas d'émission des pays du Nord et d'utiliser la somme recueillie pour financer les plans d'action des pays en déve12 Quel type de gouvernance ? L'ONU compte sur la mise en place d'un «cadre institutionnel efficace avec des structures de gouvernance afin de répondre aux besoins des pays en développement». La conférence de Copenhague doit ainsi permettre de mettre au point la mécanique qui présidera à la répartition de l'aide et des technologies dans les pays en développement. L'objectif est de rendre leur utilisation «quantifiable, dont on peut rendre compte et vérifiable». Les pays en développement doivent être des «partenaires égaux dans la prise de décision». Pour l'instant, cette question n'a quasiment pas été abordée. Si nombre de négociateurs reconnaissent qu'il sera désormais extrêmement difficile d'arriver à Copenhague à l'adoption d'un texte légalement contraignant, ils jugent encore envisageable un accord politique. La force de cet accord devra donc reposer sur la signature des chefs d'Etat et de gouvernement. Près de la moitié des chefs d'Etat ou de gouvernement des 192 pays concernés, parmi lesquels M. Obama, ont indiqué qu'ils seraient présents. La position des Etats-clés Les pays industrialisés : soumis à des objectifs de réduction de leurs gaz à effet de serre dans le cadre du protocole de Kyoto, ils sont considérés par les pays émergents comme les responsables historiques du réchauffement climatique. Les Etats-Unis. C'est une des clés du futur accord de Copenhague et l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche a clairement changé la donne par rapport à l'ère Bush. Si les Etats-Unis avaient signé le protocole de Kyoto en 1997, ils ne l'avaient jamais ratifié et n'étaient donc pas soumis à des objectifs contraignants de réduction de gaz à effet de serre. Mais le sommet de Copenhague arrive tôt dans le calendrier du président américain. Ce dernier s'est donné comme priorité numéro un l'adoption de sa réforme de la santé. Il semble désormais improbable que le Congrès adopte avant la fin de l'année le Clean Energy and Security Act, qui prévoit une réduction des émissions de 20 % en 2020 par rapport aux niveaux de 2005, soit environ 7 % d'ici à 2020 par rapport à 1990. Souhaitant ne pas réitérer le scénario du protocole de Kyoto, la Maison Blanche a annoncé, fin novembre, que le président américain participera au sommet et offrira une baisse de 17 % des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis en 2020 (soit environ 4 % par rapport à 1990), puis de 30 % en 2025 et de 42 % en 2030 par rapport aux niveaux de 2005. L'Union européenne. C'est pour l'instant la bonne élève de la Convention climat. L'UE s'est fixé comme objectif, d'ici à 2020, une réduction de 20 % de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 et de 30 % si d'autres pays industrialisés s'y conforment. Mais Washington cherche à fixer les objectifs les plus lointains possibles par crainte d'un retour de bâton des milieux économiques. Dans ce contexte, certains pays, dont la France, menacent d'instaurer une taxe carbone aux frontiéres de l'UE. La France. Le président Sarkozy a décidé de jouer sa propre partition lors du sommet de Copenhague avec son projet « Justice-climat », qui a pour l'instant reçu un accueil mitigé. Avec son homologue brésilien Lula, ils ont engagé -novembre une course contre la montre pour tenter d'arracher un accord «ambitieux» sur le climat en présentant un texte commun. Le but est de forger une alliance entre les riches pays industrialisés, de grands pays émergents et les pays les plus touchés par le réchauffement climatique (Afrique non méditerranéenne, pays insulaires menacés comme les Maldives, le Bangladesh, le Cambodge et le Laos) pour prendre en tenaille la Chine et les Etats-Unis. La Russie. A quelques jours de la conférence, Moscou a revu ses objectifs à la hausse, proposant désormais une baisse comprise entre 20 % et 25 % d'ici à 2020 par rapport à 1990, au lieu des 15 % initialement proposés. Précédemment, Moscou avait annoncé qu'il «soutiendrait l'idée d'un document politiquement contraignant (...) mais à deux conditions : que tous les pays le signent» et que soient pris en compte le potentiel forestier russe comme puits d'absorption du CO2. Le Japon. A son arrivée au pouvoir en septembre, le nouveau premier ministre, Yukio Hatoyama, a créé la surprise en annonçant que son pays allait tenter de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25 % d'ici à 2020 par rapport à 1990. L'objectif du Japon est le plus ambitieux à moyen terme annoncé par un grand pays industrialisé. Le Canada. Ottawa cherche à éviter de faire figure de cancre au sommet de Copenhague, sans pour autant abandonner ses intérêts, qui l'ont poussé à défier le protocole de Kyoto, pourtant signé et ratifié par le gouvernement. Les Canadiens ont affiché un objectif de réduction de 20 % d'ici à 2020 par rapport aux niveaux de 2006. Des objectifs qui paraissent bien maigres face à d'autres pays industrialisés : par rapport à 1990, la réduction canadienne ne serait que de 3 %. La Chambre des communes a adopté fin novembre une motion non contraignante prônant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 25 % par rapport à 1990. Le gouvernement affirme que son application ruinerait l'économie. L'Australie. L'un des plus importants émetteurs de CO2 par habitant au monde s'est engagé à une réduction de 5 % de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 par rapport au niveau de 2000. Le gouvernement de Canberra s'est dit prêt à s'engager à une baisse de 25 % si le sommet de Copenhague débouche sur un accord légalement contraignant, une perspective qui semble de moins en moins probable. Les pays en développement : tant que les pays industrialisés n'auront pas adopté les réductions d'émissions préconisées par le GIEC – moins 40 % en 2020 par rapport à 1990 –, le Brésil, la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud ne souscriront pas au futur traité et refuseront des objectifs de baisse de leurs propres émissions. Ils revendiquent également un important effort financier de la part des pays industrialisés. La Chine, devenue le premier émetteur de CO2 de la planète en valeur absolue, a dévoilé ses cartes fin novembre, en annonçant vouloir réduire son «intensité carbone» (émissions polluantes par unité de PIB) d'ici à 2020 de 40 à 45 % par unité de produit intérieur brut par rapport à 2005. Pékin dit vouloir développer les énergies renouvelables, le nucléaire, mettre en place des politiques fiscales et financières «appropriées», et accroître les investissements dans la recherche-développement de «technologies zéro carbone». L'Inde est désormais sous pression depuis l'annonce de la Chine. Craignant de passer pour le pollueur le plus intransigeant de la planète, New Delhi a affirmé fin septembre avoir ses propres objectifs de réduction de gaz à effet de serre, des chiffres qu'il s'est dit «prêt à partager avec le reste du monde», ce qu'il n'a pour l'instant pas fait. L'Inde a constamment répété ne pas vouloir être contrainte à des objectifs obligatoires de réduction d'émission de gaz à effet de serre pouvant freiner sa croissance, mais après les annonces des deux plus gros pollueurs de la planète, les experts s'attendent à un possible assouplissement. Le Brésil prendra «l'engagement volontaire» de réduire de 36 % à 39 % ses émissions par rapport aux prévisions de 2020, essentiellement grâce à ses efforts pour lutter contre la déforestation de la forêt amazonienne, plus grande forêt tropicale du monde. La partie haute de cette fourchette ramènerait les émissions brésiliennes à leur niveau de 1994, ce qui représente une baisse de 20 % par rapport à 2005. L'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), particuliérement exposés au déréglement du climat et à la montée des océans, affirme que la communauté internationale devrait s'efforcer de limiter le réchauffement global à 1,5 °C. Elle n'a cessé de réaffirmer la nécessité d'un «accord global légalement contraignant», et de dénoncer «les tentatives des pays industrialisés de noyer l'accord» de Copenhague et «l'absence de volonté politique d'aboutir». Les Etats africains ont mis la pression, lors de la dernière session de négociations début novembre à Barcelone, en menaçant de quitter la table des négociations. Ils accusent les pays riches de ne pas combattre à une échelle appropriée le changement climatique, qui menace d'infliger famines et pénuries aux pays pauvres en provoquant inondations, sécheresses, vagues de chaleur et montée du niveau des mers. Début octobre, ils avaient placé la barre très haut en estimant avoir besoin de 65 milliards de dollars (44 milliards d'euros) pour faire face aux nouveaux défis climatiques.