Les cultes musulman et juif se montrent peu séduits par l'étourdissement des animaux immédiatement après la jugulation lors de l'abattage rituel, suggérée par les associations de protection animale et des experts scientifiques, indique l'agence France-Presse. Les instances musulmane et juive campent sur leur position. Pour elles, une bête tuée alors qu'elle est déjà inconsciente est impure. «Tout nouveau processus où il y a étourdissement à quelque stade que ce soit est totalement rejeté par la religion musulmane», tranche Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France. Quant au grand rabbin Bruno Fiszon, il estime que «le soulagement ne change rien et n'est pas envisageable». Pour lui, «ce qui est important, c'est de diminuer le temps de perte de conscience, qui peut être amélioré». Une position à laquelle se sont opposés des scientifiques lors d'une rencontre organisée fin janvier à Paris par l'Œuvre d'assistance des bêtes d'abattoirs (OABA). «Avec l'étourdissement, quelle que soit la méthode de mise à mort, l'animal perd conscience et ne souffre pas», a déclaré Claudia Terlouw, chercheure à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Jean-Pierre Kieffer, président de l'OABA, a lui aussi considéré que «l'obligation de soulagement [est] indispensable et urgente». «L'abattage sans étourdissement dans l'espèce bovine va de pair avec la souffrance persistante», a-t-il argué. Enfin, Laurent Perrin, président du Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral, observe que «l'abattage sans étourdissement retarde la perte de conscience jusqu'à parfois plusieurs minutes et que durant cette période consciente, l'animal peut être exposé à la douleur due à des plaies ouvertes, la possible aspiration de sang, et notamment dans le cas des ruminants, de contenu de rumination».