Les législatives du 25 novembre vont se tenir sans les virulents partis de la gauche radicale. Trois d'entre eux viennent d'appeler au boycott de ce scrutin très attendu pour «un Maroc nouveau». Le Parti du socialiste unifié (PSU), le PADS (Parti de l'avant garde démocratique et socialiste) ainsi que la Voie démocratique (Annahj), estiment tous que les conditions ne sont pas réunies pour des élections libres et transparentes. Trois partis de la gauche radicale ne participeront pas à la compétition électorale du 25 novembre prochain. A quelques deux mois de ce scrutin tant attendu, le PSU, le PADS ainsi que la Voie démocratique, principales formations de l'extrême gauche marocaine, ont annoncé leur retrait de la course pour les législatives. Tous indiquent que les conditions ne sont pas réunies pour des élections libres et transparentes. La Voie démocratique se justifie par «l'entêtement du régime et son refus de répondre aux revendications démocratiques de la rue marocaine» et «l'adoption d'une constitution non-démocratique» lors du référendum du 1er juillet. Annahj, qui n'a jamais participé à une élection depuis sa constitution en avril 1995, préfère rester du côté des militants du 20 février qui revendiquent l'instauration d'une monarchie parlementaire. Même son de cloches du côté du PADS et du PSU. Ce dernier qui avait obtenu 6 sièges (Union PADS/CNI/PSU) lors des dernières législatives en 2007, estime cette fois ne plus être disposé à participer à un scrutin «sous tutelle du ministère de l'Intérieur». Cette formation avait participé à toutes les élections mais réclamait pour les prochaines législatives, la création d'une Commission autonome et indépendante pour organiser les élections, au lieu du ministère de l'Intérieur. La décision du PSU est en outre motivée par l'absence d'un «climat de réforme sur tous les plans, estime son secrétaire général : droits de l'homme, liberté des médias, la libération des détenus politiques…» Pas de fuite en avant Mohammed Moujahid exclut toute idée de fuite en avant. «Nous sommes un parti qui a une culture de participation. Nous avons participé à toutes les élections. Nous étions dans l'obligation de dire ce qu'il fallait dire. Car si la situation actuelle perdure, nous [le Maroc] allons tout droit vers l'inconnu». Le leader du PSU, estime également que le régime n'a pas répondu aux aspirations du peuple marocain dans ce contexte «de nouvelle ère, qui n'est que le début de la lutte pour faire tomber le despotisme et la corruption». Moujahid prédit même une «période d'instabilité dans les mois ou années à venir». Contrairement au PADS, Annahj et au PSU, le Congrès national ittihadi (CNI), autre formation gauchiste, a elle annoncé sa participation aux élections du 25 novembre. Mohammed Darif : Un boycott « logique et attendu » Pour le politologue Mohammed Darif, il ne faut pas du tout être surpris du boycott des législatives par ces formations d'extrême gauche. Elles en ont l'habitude. Comment expliquer le boycott des législatives par ces trois formations de l'extrême gauche ? Il y a une position qui est devenue normale par rapport aux élections. Les partis de la gauche ont toujours boycotté les élections. Si le PSU avait l'habitude de participer aux scrutins, le PADS ne l'a été qu'en 2007 et jamais pour Annahj. C'est une décision logique et attendue du moment que ces formations avaient appelé au boycott du référendum. Pensez-vous que le boycott se justifie dans le contexte actuel de réformes ? Quand des partis appellent à boycotter les législatives, il faut savoir que les calculs électoralistes ne sont pas étrangers à ce choix. En 2007, le PSU n'avait obtenu que quelques sièges au parlement. Au Maroc, la gauche est une force idéologique mais pas une force électorale. C'est la participation aux élections qui mesure le poids d'un parti. Mais on peut comprendre ce boycott du moment que leur principale revendication n'a pas été satisfaite, à savoir l'instauration d'une monarchie parlementaire. A qui profite ce boycott ? A personne ! Car une bonne partie du corps électoral marocain a l'habitude de boycotter les élections, indépendamment des appels à l'abstention. Dans une certaine mesure, le PJD serait le seul parti qui pourrait profiter d'une forte abstention, car ses électeurs sont parmi les plus réguliers à se déplacer aux urnes.