Le PSU a décidé de boycotter les élections, le CNI a, quant à lui, opté pour la participation, et le PADS, qui voit ses deux alliés prendre des routes complètement différentes, s'attelle toujours sur l'examen de la question de la participation. Si les trois composantes de l'Alliance de la gauche démocratique (AGD) sont arrivées à se mettre d'accord sur le boycott du référendum constitutionnel du 1er juillet, aujourd'hui, elles ne partagent pas pour autant la même position au sujet de la participation aux élections législatives du 25 novembre prochain. Finies les positions communes entre le Parti socialiste unifié (PSU), le Congrès national ittihadi (CNI) et le Parti de l'avant-garde démocratique et sociale (PADS) composant l'ADG. Le conseil national du PSU a décidé, samedi 17 septembre, à la majorité écrasante, de boycotter les prochaines échéances. Le conseil national du CNI a, quant à lui, opté, le même jour, pour la participation aux élections législatives, les premières du genre après l'adoption de la nouvelle Constitution. Et le PADS, qui voit ses deux alliés traditionnels prendre des routes complètement différentes, s'attelle toujours sur l'examen de la question de la participation et prendra une décision définitive dans deux semaines. Et pourtant, ces trois partis s'accordent pour réaffirmer que les conditions pour des élections libres et transparentes ne sont pas toujours réunies. En effet, samedi dernier, au siège du PSU à Casablanca, les membres du conseil national de ce parti gauchiste ont examiné, jusqu'à une heure tardive le soir, la question de la participation aux élections. Dans le cadre de leurs interventions, la majorité des membres du Parlement du PSU ont appelé à opter pour le boycott à partir du moment où la prochaine opération électorale «s'inscrirait dans le cadre de la continuité des élections précédentes en l'absence des conditions de la transparence et de l'honnêteté». Ces derniers ont estimé que ces élections n'apporteraient rien de nouveau en l'absence de la mise en place de nouvelles listes électorales sur la base de la CIN et d'une commission indépendante chargée de veiller sur l'opération. D'autres membres ont souligné, par contre, que le PSU doit prendre part aux élections, et que la présence du PSU au Parlement permettra de mieux défendre le droit des citoyens à la démocratie et à la justice sociale. Aussi, des membres du conseil national ont estimé que le boycott accentuera l'isolement du parti et se répercutera de façon négative sur ses structures organisationnelles. En définitive, et après plusieurs heures de débat, le vote des membres du conseil au sujet de la participation s'est fait en deux phases. Dans un premier temps, 55 membres du conseil contre 12 se sont exprimés contre la participation. Et lors de la deuxième phase du vote, 53 membres ont opté pour le boycott contre 12 qui se sont exprimés en faveur de la non-participation. Ainsi, et en vertu de cette décision, les «camarades» du PSU vont aller au-delà de la non-participation en appelant les citoyens, dans le cadre de la campagne électorale, à boycotter l'opération de vote prévue le 25 novembre. Leur objectif sera, ainsi, de faire baisser au maximum le taux de participation. «La décision du boycott correspond parfaitement à la conjoncture politique actuelle. Certes, le fait de ne pas participer aux élections aura un impact négatif sur le parti. Mais, le contexte impose au PSU, qui soutient le 20 Février, de ne pas prendre part à ces élections et d'appeler les citoyens à faire de même», souligne El Mustapha Bensbahia, membre du conseil national du PSU, dans une déclaration à ALM. «L'opération électorale au Maroc est devenue stérile. Elle se fait de plus en plus en marge de la société et ne pourra rien donner de plus. D'où la pertinence de la décision du boycott», ajoute M. Bensbahia. Cela dit, les membres du CNI ont pris une position contraire à celle du PSU. Les membres du comité central de ce parti gauchiste ont décidé, à la majorité écrasante, de prendre part aux élections. Très peu de membres du Parlement du CNI ont émis des réserves sur cette décision. «La non-participation traduit une position passive et non constructive et le boycott signifie la confrontation avec l'Etat. Ces deux positions ne correspondent nullement à notre ligne politique», précise Laâziz Abdeslam, secrétaire général du CNI, dans une déclaration à ALM. «Le CNI qui s'inscrit dans la continuité du Mouvement ittihadi a toujours milité pour le changement et la réforme de l'intérieur des institutions. C'est pour cette raison que nous avons décidé de prendre part aux élections», ajoute M. Laâziz. A la différence du PSU, le CNI aspire, ainsi, à obtenir des sièges au sein du Parlement pour mieux défendre les intérêts des citoyens. «Nous ne voulons pas nous limiter à faire entendre les revendications du peuple dans la rue seulement. Nous voulons influencer les décisions politiques, économiques et sociales de l'intérieur des institutions», souligne le secrétaire général du CNI.Toujours dans le cadre de l'AGD, une source au sein du bureau politique du PADS a affirmé que ce parti tenait, avant samedi dernier, à harmoniser sa position au sujet des élections avec celles du PSU et le CNI. Mais voilà que ces deux partis ont opté pour des positions différentes, le PADS se voit contraint d'opter pour l'une ou l'autre position. «La réunion du conseil national du PADS est prévue dans deux semaines pour prendre une décision au sujet de la participation aux élections. Soit on boycottera, soit on participera aux élections. Pour nous, il n'y a pas de troisième voie», indique Abderrahmane Benhida, membre du bureau politique du PADS. Et d'ajouter que «d'après le débat qu'il y a actuellement au sein du parti, nous nous acheminons fort probablement vers le boycott, mais rien n'est encore officiel». Les dirigeants des trois formations de gauche s'accordent pour affirmer qu'ils continueront de travailler ensemble et de coordonner leurs actions. Mais, selon les observateurs, la divergence des points de vue entre le PSU, le PADS et le CNI au sujet des élections serait de nature à fragiliser et à isoler davantage l'AGD alors que d'autres partis s'acheminent vers la mise en place de fortes alliances en perspective des prochaines échéances. A rappeler que le processus de la réforme constitutionnelle avait, également, divisé les trois composantes de l'AGD. Le PSU avait boycotté les travaux du mécanisme de suivi de la réforme de Mohamed Moâtassim alors que le PADS et le CNI avaient pris part à ce mécanisme politique. Annahj Addimocrati, champion du boycott Fidèle à sa tradition, Annahj (la Voie démocratique) a décidé de boycotter les élections législatives, à l'issue de son conseil national tenu le 11 septembre 2011 à Casablanca. Dans son communiqué, le parti de l'extrême gauche de Abdellah El Harrif se dit prêt à travailler avec toutes les composantes politiques pour la constitution d'un front de boycott. La décision de boycotter les élections vient aussi pour appuyer les actions militantes du peuple marocain depuis le 20 février, ajoute le communiqué. Rappelons que La Voie démocratique avait appelé au boycott du référendum pour la Constitution du 1er juillet. Les élections communales du 12 juin 2009 et les élections législatives du 7 septembre 2007 avaient également été rejetées par le parti autant que les élections du 27 septembre 2002.