Abderrahmane Ben Hida, membre du secrétariat national du PADS, affirme que son parti va participer aux élections dans le cadre de l'Alliance de la gauche démocratique et que le boycott des élections n'est plus concevable. ALM : Auparavant, votre parti a choisi de boycotter les élections. Pour quelles raisons, vous avez décidé de participer aujourd'hui aux communales ? Abderrahmane Ben Hida : La décision du PADS de boycotter les élections n'était pas une position stratégique, mais une position tactique conjoncturelle qui était prise au cas par cas. Nous estimons maintenant que depuis 2007 cette position n'est plus valable dans les circonstances actuelles et qu'il faut changer de tactique par une participation militante aux élections. Nous estimons que la participation aux communales est partie intégrante de la lutte démocratique. Il faut préciser, cependant, que cette participation ne signifie aucunement que nous avons changé notre position sur la question démocratique au Maroc. Le PADS continue à militer pour la mise en place des bases d'une véritable démocratie, à commencer par une révision constitutionnelle en profondeur dans laquelle le peuple sera la source de tous les pouvoirs, une Constitution garantissant la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, etc. Quels arguments feriez-vous valoir pour convaincre votre électorat ? Plusieurs thèmes seront développés pour ces élections, comme par exemple la lutte contre la corruption, l'altération de la vie politique et l'achat de voix. Nous allons convaincre les citoyens que leur participation massive va profiter au camp démocratique et, en éloignant les dépravants, leurs intérêts directs connaîtront un changement au niveau de tous les services municipaux et communaux liés à leur vie quotidienne. Bref, ils sauront que les élus doivent être à leur service et qu'il faut mettre fin aux pratiques qui ont sévit jusqu'à présent et qui ont fait que les élections soient devenues une promotion sociale. Dans le cadre des dernières élections législatives, votre parti s'est allié au CNI et au PSU. Mais cette expérience n'a pas abouti. Allez-vous maintenir toujours cette alliance ? L'alliance PADS-CNI-PSU, que nous avons baptisée Alliance de la gauche démocratique (AGD), est pour nous une alliance stratégique qui se présente comme le noyau dur d'un rassemblement de la gauche toute entière. La participation aux élections avec des listes communes n'est qu'un aspect de tout un programme commun de lutte démocratique. Notre action commune est étendue à plusieurs autres domaines tels que le politique et le social et au niveau des organisations de masses. Les résultats obtenus lors des élections législatives n'ont pas été ceux que nous escomptions pour plusieurs raisons. D'abord, le taux de participations qui a surpris tout le monde par son niveau le plus bas. Cela nous a touché un peu plus que les autres parce que l'électorat du camp démocratique n'a pas fait le déplacement et cela par manque de crédibilité des élections et des institutions qui en découlent. La question constitutionnelle et l'exercice réel des pouvoirs dans le pays sont ainsi remis sur le tapis. Les 30% qui ont voté sont partagés entre l'achat de voix, l'utilisation de la chose religieuse, de la notabilité et les bulletins nuls. En plus, pour l'Alliance de la gauche démocratique, c'était la première expérience avec toutes les difficultés de mise en place. D'autant plus que c'était une erreur de ne pas couvrir toutes les circonscriptions avec le même symbole. La compétition entre les trois composantes de l'AGD dans certaines circonscriptions a beaucoup nuit à l'alliance et surtout à la liste nationale des femmes. Après les faibles résultats que vous avez obtenus lors des législatives 2007, qu'attendez-vous des communales du 12 juin ? Nous avons tiré les leçons des élections législatives. D'abord, nous nous sommes pris avec suffisamment de temps pour mettre en place les structures aux niveaux national, régional et local. Nous avons décidé de participer sous la couleur de l'AGD dans toutes les circonscriptions dans lesquelles nous nous présenterons. Nous avons fixé l'objectif de dépasser le seuil de 6% que nous avons jugé par ailleurs non démocratique et discriminatoire. . Que pensez-vous de la question de la participation des femmes aux élections ? Je crois que la gauche a toujours été distinguée par sa position sur la condition de la femme marocaine. La gauche a toujours milité pour l'égalité des sexes et d'une façon générale pour la parité. Nous continuerons à travailler et militer pour cela.