L'institut de sondage français, IFOP a mené une enquête auprès des populations musulmanes de France qui s'étale sur la période 1989 / 2009 (8000 interviewés). Au niveau de la méthodologie, des zones d'ombre persistent. Comment l'IFOP a-t-il pu mener un recensement portant sur l'appartenance ethnique ou religieuse puisque la Loi informatique et liberté l'interdit ? Sur la base des données et des témoignages recueillis auprès d'un échantillonnage de 8000 personnes (essentiellement des jeunes et des catégories populaires), 33 % de personnes de confession musulmane installées dans l'Hexagone se disent «croyants et pratiquants» contre 37 %, il y 20 ans, soit en 1989. Du coup, et selon les résultats de l'enquête, «l'expansion» de l'islam en France est une idée reçue. Du côté des pratiques religieuses, on note une certaine stabilité durant les deux décennies qui viennent de s'écouler avec 39 % des sondés qui déclarent «prier» tous les jours contre 41 % en 1989. En revanche, les pratiques religieuses collectives sont en augmentation avec 23 % qui disent se rendre à la mosquée le vendredi (16 % en 1989). Ce qui semblerait indiquer que l'islam progresse comme vecteur identitaire. Toujours au rayon des statistiques, on apprend qu'à l'approche de la mort, seuls 28 % des 18 / 24 ans déclarent prier au moins une fois par jour contre 64 % chez les + de 55 ans et 35 % chez les quadragénaires. Tendance quasi identique pour le pèlerinage à la Mecque où 61 % s'y sont rendus où comptent le faire, 28 % ne «l'ont pas prévu». Pour les pratiques religieuses dites socialisées comme la période du ramadan, on note une forte progression avec 70 % des personnes interrogées qui déclarent jeûner durant tout le mois sacré contre 60 % en 1989. L'écart entre les jeunes et les personnes âgées est relativement faible (70 % de jeunes contre 85 % chez les + de 55 ans). Sur les habitudes de consommation, 1/3 des musulmans de France déclarent consommer de l'alcool, ils sont 62 % à consommer exclusivement de la viande halal. Il faut savoir que pour la consommation d'alcool, il y a très peu d'écart entre les populations jeunes et leurs aînés. La dernière partie de l'enquête porte sur les conditions de vie des femmes. Sur le port du voile, elles sont 30 % à le «porter souvent» chez les + de 55 ans, 16 % pour les 35/49 ans et 8 % chez les moins de 35 ans. Sur les mariages mixtes, pas de chiffres ni de statistiques. Sur les autres sujets abordés, 81 % des femmes sondées estiment qu'une femme a le droit de demander comme un homme, le divorce, 82 % se disent favorables à l'avortement, 61 % des pratiquantes contre 78 % des musulmanes sont opposées à la prise d'un contraceptif avant 18 ans. 76 % ne sont pas opposées aux rapports sexuels hors mariage (contre 63 % des pratiquantes qui y sont opposées). Qu'en est-il de l'homosexualité ? A la lecture des résultats, il apparaît un clivage avec 77 % des pratiquantes qui s'y opposent contre 19 % chez les musulmanes. Ainsi, on peut en déduire que l'homosexualité reste un tabou relativement important pour les pratiquantes. Que dire de plus ? Si ce n'est de se montrer quelque peu surpris que le sondage d'opinion intitulé «Enquête sur l'implantation et l'évolution de l'islam en France» soit passé...inaperçu alors que le débat sur la burqa est au cœur des «préoccupations» de certains parlementaires français, après celui du port du voile en 2003. Est-ce dû au fait que les résultats ne sont pas en adéquation avec une (possible) instrumentalisation politique ? :: Télécharger les résultats complet sur le site de l'IFOP [PDF]