Une commission théologique fixera mardi soir lors de la "nuit du doute", à la Mosquée de Paris, la date du début du ramadan pour les cinq à six millions de musulmans français. C'est en observant la Lune, lors de la "Nuit du doute", que les autorités musulmanes de France fixeront avec exactitude le début du mois de jeûne et de prières. La cérémonie se tiendra en présence de l'ensemble des membres du bureau du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont son président Mohamed Moussaoui, ainsi que des représentants de la communauté musulmane de France "dans toute sa diversité", précise la Mosquée de Paris dans un communiqué. La tradition de la "Nuit du doute" remonte à 1926 à la Mosquée de Paris. En dépit de la multiplication des annonces du gouvernement sur l'immigration, perçue par une partie de la gauche et des associations comme une stigmatisation de l'islam, la pratique du ramadan semble de plus en plus acceptée en France. Dans une enquête de l'Ifop publiée en 2009, 70% des musulmans de France affirmaient faire le ramadan, contre 60% il y a vingt ans. La diète imposée entre le lever et le coucher du soleil est plus éprouvante au coeur de l'été et beaucoup de musulmans doivent concilier jeûne et travail. Cité mardi dans Libération, Mohammed Moussaoui explique l'essor de la pratique du ramadan, un des cinq piliers de l'islam, par un besoin de "retour à la spiritualité en période de crise". Des chercheurs évoquent de leur côté des motivations identitaires plus que religieuses, surtout après une année marquée par de virulents débats sur l'identité nationale, le port du voile intégral et le récent discours de Nicolas Sarkozy sur la délinquance d'origine étrangère. L'ESSOR DE LA VIANDE HALAL Parallèlement, la grande distribution accompagne largement la pratique de l'islam et du ramadan, même si le maire de Roubaix, par exemple, s'était fait connaître pour sa bataille contre l'implantation d'un Quick halal dans sa ville. L'élu avait finalement retiré sa plainte pour "discrimination" contre l'enseigne en échange d'un engagement de la chaîne de restauration rapide à offrir dans un même restaurant des plats halal et non halal. Un responsable de la marque a indiqué la semaine dernière sur Europe 1 que la décision d'étendre ou non l'expérience serait prise ce mois-ci. Selon une étude de l'Ifop diffusée mardi, le halal, pratique respectant l'abattage rituel des animaux, "est non seulement une réalité sociale mais une réalité de consommation." L'institut souligne le fort potentiel du marché, avec plus de trois millions de consommateurs qui représentent selon lui un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros, contre 2,6 milliards pour l'alimentation bio. Près de 60% des personnes d'origine musulmane interrogées disent acheter systématiquement de la viande halal. La pratique reste plus fortement développée chez les populations issues de la première génération d'immigration, dans les années 60, plus pratiquantes que celles de la troisième génération, "plus jeunes et plus distantes des impératifs religieux", dit l'Ifop. Les plus jeunes considèrent que la mention halal est importante mais estiment que les marques doivent d'abord proposer des produits "à forte valeur ajoutée" qui sachent répondre à leur mode de vie.