Les droits de l'Homme au Sahara restent le véritable talon d'Achille du Maroc. En témoigne les remarques, annoncées pourtant sur un ton très diplomate, d'Antonio Guterres. L'Algérie salue le rapport annuel du secrétaire général de l'ONU sur la situation au Sahara occidental. Alger «prend acte avec satisfaction de la volonté d'Antonio Guterres de relancer le processus de négociation et de faciliter des négociations directes, de bonne foi et sans conditions préalables, entre les parties au conflit», a indiqué dans une déclaration à l'APS, le porte parole du ministère algérien des Affaires étrangères. Même son de cloche auprès du Polisario. Les raisons de cet accueil plutôt chaleureux réside dans les paragraphes que le Portugais a consacré aux droits de l'Homme, largement en faveur du voisin de l'Est et du Front. Guterres pointe le retard dans la mise en place du Mécanisme de prévention contre la torture La première flèche décochée en direction du Maroc concerne le retard manifeste dans la mise en place du Mécanisme de prévention contre la torture. Une instance qui devait voir le jour dans le sillage de l'adhésion au Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le royaume avait en effet déposé les instruments de ratification dudit protocole le 24 novembre 2014. Une annonce faite lors de la séance d'ouverture de la 2e édition du Forum mondial des droits de l'Homme, tenue du 27 au 30 novembre 2014 à Marrakech. Depuis le CNDH réfléchi sur les moyens d'opérationnaliser le Mécanisme. A cet effet, les services du tandem Yazami-Sebbar ont organisé deux sessions en 2015 et 2017. «Au 27 février (2018), le Gouvernement marocain n'avait ni mis en place ni désigné un mécanisme de cet ordre. Les pourparlers se poursuivent», constate le secrétaire général dans le paragraphe 65 de son rapport. «Difficultés pour les défenseurs sahraouis des droits de l'Homme» Antonio Guterres souligne dans le paragraphe 68 que «plusieurs groupes sahraouis de défense des droits de l'Homme ont continué à connaître des difficultés dans l'exécution de leurs activités ; en effet, ils n'étaient pas reconnus juridiquement, le Gouvernement marocain n'ayant pas donné suite à leurs demandes d'enregistrement». Pour mémoire en août 2015, les autorités marocains avaient reconnu l'Association Sahraouie des Victimes des Violations Graves des Droits de l'Homme commises par l'Etat du Maroc (ASVDH). Aucune autorisation d'autres ONGs proches du Polisario n'a été depuis annoncée. Tout en étant prudent à l'heure d'évoquer «les allégations selon lesquelles les défenseurs sahraouis des droits de l'Homme feraient l'objet de harcèlement de la part des autorités marocaines», il reconnait qu'elles «demeurent une grave préoccupation». De l'autre côté du mur de sécurité, Le secrétaire général affirme dans le paragraphe 73 que «les rares groupes locaux de défense des droits de l'Homme qui existent continueraient à opérer librement, sans qu'il soit fait état d'entrave». Le Portugais a indiqué le «Polisario s'est déclaré disposé à coopérer avec les mécanismes des Nations Unies compétents en matière des droits de l'Homme». En revanche,«le Maroc n'a pas autorisé la Mission d'observation de l'Union africaine à retourner à Laâyoune et à reprendre sa collaboration avec la MINURSO», a-t-il remarqué.