«Khat Achahid» et Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud n'ont pas eu le même traitement pour exprimer librement leurs idées que les auteurs de l'«Initiative sahraouie pour le changement». Son coordinateur multiplie les actions dans les camps de Tindouf et se déplace même en Espagne. Un mois après son lancement tambour battant, l'«Initiative sahraouie pour le changement » (ISC) soulève des interrogations, se rapportant essentiellement à sa proximité avec la direction du Polisario. Bien que les auteurs de l'ISC aient dénoncé la prévarication au sein du système, ils jouissent d'une surprenante liberté de mouvement, à l'intérieur comme à l'extérieur des camps de Tindouf. D'autres actions de ce genre n'ont pas pu avoir ce privilège. Elles ont porté les mêmes principes, mais elles ont rapidement sombré dans le désert de la Mauritanie ou gelé dans le froid glacial de Vitoria au Pays basque. Dès sa création, l'ISC a bénéficié d'une large couverture médiatique. Tous les canaux de communications du Front Polisario ont annoncé en chœur la naissance de la nouvelle enseigne. Bien entendu, la très officielle Sahara Press Service a fait l'exception, en choisissant de ne pas se joindre au peloton de la bienvenue. De solides relais au sein de la direction du Polisario Outre cette médiatisation à outrance, le coordinateur de l'ISC, Haj Ahmed, a été autorisé à se rendre en Espagne la semaine dernière. Officiellement, sa présence lui a permis d'expliquer les «objectifs» de l'Initiative à des partis de gauche. Ainsi, Haj Ahmed s'est réuni avec José Luis Abalos, secrétaire du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et véritable n°2 de l'organisation. Il a enchainé avec une délégation de Podemos. Au cours de ses entretiens, il a plaidé la libération des détenus de Gdim Izik et insisté sur la «légitimité» du Polisario à prétendre être le seul représentant des sahraouis. C'est dire que le chef de file de l'ISC s'est investi d'une mission diplomatique au service de l'agenda du Front, plus que de la promotion de ses propres idées. Par ailleurs, l'ISC était parmi les rares voix de l'opposition qui n'a pas critiqué la version de la direction sur sa «victoire» au sommet de l'Union africaine-Union européenne d'Abidjan. Un silence qui nourrit les doutes sur son authenticité. L'«Initiative» est portée par des hommes ayant de solides relais au sein de la direction du Polisario. Son coordinateur, Haj Ahmed, n'est autre que le frère de Boukhari Ahmed, le représentant du Front aux Nations Unies et considéré très proche des services secrets algériens. De son côté, Ouled Sellam (ISC) est le cousin de M'Hamed Khadad, membre du secrétariat national du Polisario et coordinateur de la avec la MINURSO.