Un mouvement réformiste dispute au Polisario la représentation des Sahraouis. C'est l'objectif que s'est fixé «Khat Achahid», un mouvement issu d'une scission du Front voilà onze ans. La dernière scène de la confrontation entre les deux adversaires a eu lieu à Berne auprès du Conseil fédéral suisse. Des membres du mouvement «Khat Achahid», des opposants au Polisario, se sont rendus au milieu de la semaine à Berne. Le déplacement était destiné à convaincre le Conseil fédéral suisse que l'actuelle direction du Front «ne représente pas le peuple sahraoui» et pour s'engager à «respecter la Convention de Genève de 1949 et son premier Protocole additionnel dans son conflit avec le royaume du Maroc», indique le groupe animé par Mahjoub Salek. Cet ancien membre fondateur du Polisario vit actuellement à Vitoria, dans le Pays-Basque espagnol après avoir rompu le cordon ombilical avec les amis de Mohamed Abdelaziz le 4 juillet 2004. Le traité mentionné par les opposants au Polisario, vise essentiellement à améliorer le sort des droits des soldats blessés ou malades en temps de guerre. Le Conseil fédéral suisse est le dépositaire de toutes les Conventions de Genève et de tous ses Protocoles additionnels de 1949 à 2005. «Khat Achahid» a lancé un appel à tous les Etats signataires de la dite convention pour le «considérer comme le principal interlocuteur pour la défense des intérêts du peuple sahraoui. D'autant que la direction du Polisario au pouvoir depuis quarante ans refuse d'ouvrir un dialogue, d'organiser un congrès extraordinaire, de tenir des élections libres et démocratiques», ajoute le texte. Une réaction tardive La requête des opposants accuse les responsables des camps de Tindouf de «crime contre l'humanité» et ce en tirant de grands avantages de «la misère quotidienne de femmes, d'enfants et de vieillards dans des tentes afin de pérenniser le conflit». Force est de constater que la démarche de «Khat Achahid» est tardive. Elle intervient en réaction à une demande déposée, le 23 juin dernier, par le Polisario auprès du Conseil fédéral suisse portant sur son adhésion à la Convention de Genève de 1949. Une demande aussitôt validée par le CFS. Le Polisario espère ainsi en tirer des gains politiques sur la scène internationale. Il compte lancer dans les prochaines semaines une campagne auprès des sociétés étrangères actives au Sahara pour qu'elles «se soumettent à son administration» en sa qualité de «seule autorité représentant le peuple du Sahara Occidental». Mais ce «rang» lui est disputé par «Khat Achahid». Il n'est d'ailleurs pas le seul. Des chioukhs de la tribu des Rguibates-Bouihates partagent la même conviction.