Abdelmajid Tebboune a perdu la confiance des tenants du pouvoir en Algérie. Son successeur, Ahmed Ouyahia, est connu pour ses positions hostiles au Maroc. Rabat avait en effet refusé de le recevoir en juin 2005. L'Algérie a désormais un nouveau Premier ministre. Abdelaziz Bouteflika a mis brutalement un terme à l'expérience Tebboune. Son successeur est un homme du sérail. Les tenants du pouvoir chez le voisin de l'Est ont jeté leur dévolu sur Ahmed Ouyahia, le secrétaire général du RND (Rassemblement national démocratique), deuxième force politique à la Chambre des représentants, qui assumait il y a encore quelques heures les fonctions de chef de cabinet du président de la république Ouyahia est une figure familière des Algériens. Et pour cause, il a déjà occupé la primature à trois reprises : deux fois sous Bouteflika (6 mai 2003 au 26 mai 2006 et 23 juin 2008 au 3 septembre 2012) et une seule fois sous la présidence de son mentor, le général Liamine Zéroual (31 décembre 1995 au 15 décembre 1998). Ce qui fait de lui l'un des rares hommes politiques de l'époque de la «décennie noire» encore au pouvoir en Algérie. Préparer l'élection présidentielle de 2019 Le limogeage de Tebboune était prévisible. Dépourvu d'une assise partisane à même de soutenir ses actions et surtout son ambition de lutter contre la corruption, il a vite fini par payer les frais des fronts qu'il a ouverts avec des hommes ayant de solides relais dans les plus hautes sphères du pouvoir. En témoigne les bras de fer engagés à l'encontre de Ali Haddad, président du Forum des chefs d'entreprises (patronat), et dans une moindre mesure contre le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens, Abdelmadjid Sidi Saïd. Ce dernier avait - dans un premier temps - pris position en faveur de Haddad avant de modérer son appui et de réitérer son allégeance à Abdelaziz Bouteflika. Fragilisé, Abdelmajid Tebboune a vu la liste de ses détracteurs s'allonger. Ahmed Ouyahia, lui aussi, n'a pas ménagé son prédécesseur. Il a choisi de le tacler sur la promesse de régulariser des milliers de migrants africains installés en Algérie. Ce déluge de critiques a servi à préparer l'opinion publique au départ de l'ancien Premier ministre après seulement trois mois passés à la tête du gouvernement. Mission accomplie. Désormais, c'est à Ouyahia que revient la mission d'organiser l'élection présidentielle de 2019. Une échéance qui pourrait voir l'Algérie entrer dans le club des «républi-monarchies» arabes avec l'élection de Saïd Bouteflika à la place de son frère gravement malade. D'ailleurs, le FLN n'y voit pas d'objection. Les positions anti-marocaines d'Ouyahia Avec un Ouyahia à la primature, il ne faut pas s'attendre à une normalisation des relations maroco-algériennes. Le Kabyle est connu pour ses positions résolument anti-marocaines. Chaque fois que se produisent des mouvements de contestation en Algérie, il n'hésite pas à pointer du doigt le royaume. Il s'est dit convaincu de la main de Rabat, au même titre que Paris, derrière les soulèvements des Amazighs de Ghardaïa et M'Zab. «Ces complots sont colportés par deux parties. La première n'a jamais accepté l'indépendance de l'Algérie. Et la deuxième reproche à notre pays ses positions pour l'autodétermination du peuple sahraoui (…) Ces parties s'appuient sur des mercenaires politiques internes, ceux qui revendiquent l'autodétermination de la Kabylie et de la région du M'Zab», avait-il lancé le 3 juin 2016. Cette hostilité à l'égard du royaume était probablement la conséquence du refus des autorités marocaines de le recevoir en juin 2005, alors Premier ministre de Bouteflika. Article modifié le 15/08/2017 à 23h09