Des hommes du président algérien se relaient pour accuser le Maroc d'être l'instigateur des affrontements de la semaine dernière à Ghardaïa. Un autre terrain où les deux adversaires, Ouyahya et Sellal, rivalisent de déclarations pour plaire à leurs mentors. Le calme précaire qui prévaut à Ghardaïa profite aux responsables algériens pour relancer la thèse du complot ourdi à l'étranger, sous-entendu le Maroc. Ahmed Ouyahya et Abdelmalek Sellal, les principaux candidats à la succession du président malade se succèdent pour dépoussiérer la vielle thèse que d'autres officiels avaient relayée lors des graves incidents du printemps 2014. A l'occasion d'une réunion avec les notables de la région, le premier ministre Sellal, le favori de Saïd Bouteflika, a déclaré qu' «un Etat frère» soutient financièrement les mouvements amazighs autonomistes de M'Zab. L'homme très connu pour ses nombreux écarts de langage affirme que «des pays connus pour être des ennemis de l'Algérie ont planifié les évènements de Ghardaïa». Ghardaïa, une responsabilité de l'Etat Ouyahya, le directeur du cabinet du président algérien, propulsé récemment chef par intérim du Rassemblement national démocratique, y voit également la «main de l'étranger». Plus direct que son grand rival (Sellal), il pense que son pays paie le prix de soutien à l'autodétermination du Sahara occidental. Pour lui ce qui se passe en Algérie rappelle les complots contre la stabilité de «la Syrie, l'Egypte, le Yémen et la Libye». L'ancien premier ministre estime que «l'étranger» punit de la sorte l'Algérie pour ses positions politiques. Mais ces affrontements intercommunautaires qui secouent Ghardaïa et Berriane ne datent pas de 2011 mais remontent à des décennies auparavant. Ces mouvements de colère qui se manifestent d'une manière violente sont en effet les conséquences logique d'une politique menée par le pouvoir en place visant à changer la composition ethnique et confessionnelle de la vallée de M'Zab, et ce par un encouragement de l'immigration massive d'une population arabophone adepte du rite malékite dans une région où vivait depuis des siècles des amazighs ibadites. Une politique qui a atteint ses objectifs en créant un terrible déséquilibre démographique. Les autochtones sont actuellement une minorité, disant subir une "hogra".