Les autorités espagnoles ont annoncé l'extradition, dimanche 23 février, d'un homme de 51 ans, considéré comme le chef d'une organisation criminelle impliquée dans le trafic de migrants à grande échelle. Interpellé en Mauritanie à la suite d'un mandat d'arrêt international, le quinquagénaire est désormais placé sous détention préventive aux îles Canaries en attente de poursuites judiciaires, rapporte la presse espagnole. Un réseau à l'origine de centaines de morts L'enquête, menée par la police nationale espagnole depuis 2021, a mis au jour une structure clandestine ayant coordonné le passage de 3 594 migrants à bord de 73 embarcations jusqu'aux côtes des Canaries, notamment à Gran Canaria, Lanzarote et Fuerteventura. Le périple, souvent fatal, s'est soldé par la disparition ou la mort d'au moins 180 personnes en mer. Selon les enquêteurs, le réseau criminel opérait depuis Laâyoune où il planifiait minutieusement chaque traversée. Le suspect extradé jouait un rôle central dans le recrutement des migrants, originaires d'Afrique subsaharienne, du Bangladesh et du Pakistan. Moyennant des sommes pouvant atteindre 15 000 euros par personne, il leur fournissait de faux documents afin de faciliter leur transit vers la Mauritanie, étape clé avant l'Europe. Violence, extorsion et séquestrations Les témoignages de rescapés parvenus aux Canaries révèlent l'extrême brutalité du réseau. Outre les conditions de voyage précaires, nombre d'entre eux ont fait état de violences physiques et d'actes d'intimidation, certains évoquant l'usage d'armes à feu pour contraindre les migrants à verser des paiements supplémentaires. Des cas de séquestration ont également été signalés. L'homme avait été appréhendé en Mauritanie le 9 août 2024 à la suite d'une coopération entre les autorités locales et la justice espagnole. Placé en détention en attendant son transfert, il a finalement été extradé le 18 février vers l'aéroport de Gran Canaria, en exécution d'un mandat attribué par le juge d'instruction numéro un de Las Palmas de Gran Canaria en coordination avec le parquet chargé des affaires migratoires. À son arrivée, il a été immédiatement remis aux autorités judiciaires et placé en détention provisoire, souligne la même source. L'enquête demeure en cours et la police espagnole poursuit activement ses recherches afin d'identifier et d'interpeller d'autres membres du réseau toujours en fuite.