La sortie médiatique d'un patron français en février dernier qui voulait interdire le port des signes religieux dans son entreprise suscitait mille et une questions quant à l'avenir de la laïcité en France. Une nouvelle étude publiée cette semaine vient renforcer ces interrogations. Elle révèle que les Français souhaitent un durcissement de la laïcité… même en entreprise. Détails. L'opinion française veut une «extension de la laïcité, de la sphère traditionnelle de l'Etat et du politique vers celle de la vie civile, au moment où la pratique musulmane peut devenir une revendication identitaire, au moins chez une partie des musulmans». C'est la conclusion de l'Institut Sociovision dans une étude révélée mercredi par RTL, intitulée : «Une demande de discrétion religieuse dans la vie collective». Basée sur une enquête menée auprès de 2099 Français âgés de 15 à 74 ans interrogés en face à face (dont 1018 catholiques et 122 musulmans auto-déclarés), l'étude montre en effet que la religion occupe une place de moins en moins importante dans la vie des Français et qu'ils souhaitent passer à la vitesse supérieure. En 20 ans déjà, la croyance religieuse a reculé de 9 points, la pratique de 4 points, tandis que l'athéisme a progressé de 7 points. En 2014, en effet, 36% des Français affirment être croyants, contre 45% en 1994. Seuls 10% sont pratiquants, alors qu'ils représentaient 14 % de la population il y a deux décennies, les musulmans représentant aujourd'hui 1/3 de cette minorité pratiquante. Vers une séparation du religieux de la vie civile ? D'après l'étude, 76% des Français interrogés préfèrent «une société qui respecte la neutralité en matière de religion et où les pratiques religieuses restent dans le domaine privé». Ils sont en outre 82% à penser que la religion est une question privée et que les signes d'appartenance religieuse doivent rester discrets en public, surtout en entreprise. En effet, ils sont 83% à penser que l'entreprise doit être un endroit neutre et qui ne doit prendre en considération les revendications religieuses comme la prière sur son lieu de travail, l'aménagement du temps de travail pour motif religieux ou la demande de jours de congés supplémentaires pour fêtes religieuses. «La séparation du politique et du religieux est une tradition désormais ancienne dans notre pays, commente les auteurs. Ce qui est en jeu désormais, c'est la séparation du religieux de la vie civile et que le religieux soit confiné dans les lieux de cultes ou bien dans l'intimité et reste discret, non visible et non revendicatif, dans la vie collective». Qu'est-ce-que la laïcité ? Ceci étant, l'Institut Sociovision rappelle toutefois le sens même de la laïcité, à savoir garantir la liberté de conscience qui donne le droit à chaque citoyen d'adhérer à la religion de son choix. L'institution souligne également que la laïcité française s'articule autour de la neutralité de l'Etat par rapport à la religion «et non à régenter la vie de tous les jours dans la société en dehors de l'Etat». Il est évident que les résultats de ce rapport donneront encore aux politiques de quoi relancer le débat sur la laïcité en France, notamment autour du port de signes religieux en entreprise. Il pourrait notamment poser la question d'une éventuelle charte de la laïcité en entreprise. Chose à laquelle, apparemment, certains patrons penseraient déjà, comme c'était le cas du PDG de Paprec qui s'était entretenu avec la presse en février dernier.