Depuis quelques semaines, les musulmans de Wissous, une petite commune de l'Essonne, sont victimes d'une vague d'islamophobie sans précédent. A l'origine de cette situation, le maire UMP local Richard Trinquier qui, en publiant à plusieurs reprises des messages injurieux à l'encontre des musulmans sur son compte Facebook, a ouvert la voix à des commentaires très violents comportant même des menaces de mort. Détails. Les musulmans de Wissous, une petite commune située à environ quatorze kilomètres au sud-ouest de Paris, dans l'Essonne, sont depuis quelques semaines visés par une vague d'islamophobie et de racisme sans précédent. En cause, le maire UMP de cette ville Richard Trinquier qui publie «quasi quotidiennement des articles sur les dangers qu'il estime liés à l'islam», sur son compte Facebook notamment, rapporte Le Parisien. Résultat : Dans les commentaires qui suivent, des élus de la majorité et des habitants expriment publiquement leur haine envers les musulmans, à l'image d'une conseillère municipale qui invite ainsi ceux qui ont la double nationalité à «retourner au cul de leur âne dont ils n'ont pas su évoluer». Dans la rue, des insultes comme «Oh, la putain, la putain. En voilà encore une», adressées à Malek, une femme musulmane voilée qui était accompagné de son petit garçon de 9 ans, sont très courants. Pire, depuis que le maire a ouvert la voix aux islamophobes, des lettres anonymes et des menaces de morts visant la communauté musulmane locale sont également postées sur les réseaux sociaux. Interdiction de voile à la plage Tout a commencé en juillet dernier lorsque le maire, qui vient de reprendre son siège en mars dernier, a décidé d'interdire -via un arrêté- l'accès à la plage aux femmes portant le voile. Selon lui, il s'agissait de faire respecter à Wissous-Plage, la loi du 15 mars 2004 sur l'interdiction du voile à l'école. Alerté, le Collectif contre l'islamophobie en France, soutenu par le collectif Al Madina, n'a pas tardé à saisir le Tribunal administratif de Versailles en référé «pour faire suspendre cet arrêté discriminatoire et illégal». Ce dernier a d'ailleurs obtenu gain de cause le 11 juillet 2014. «Par deux fois, le tribunal administratif le déboute, jugeant illégaux ses arrêtés», souligne Le Parisien. Cela n'a, toutefois, pas empêché Richard Trinquier de récidiver. «Les messages Facebook ont alors commencé», affirme Abdelkrim Benkouhi, président de l'association Al Madina. «Mais vous lisez ce qui se passe en Angleterre ou ailleurs avec l'islam ? Ça arrive chez nous !» «Ça» ? «L'islamisation, répond-il. Ils cherchent à nous imposer une religion. Ils veulent une école coranique à Wissous, des tribunaux islamiques. Pourquoi 60 des 100 logements HLM ont-ils été attribués à des familles maghrébines ?», s'interroge-t-il. «Il a libéré la parole raciste. Quand un maire ouvre la voie, les habitants ne se privent plus. Mais je reçois aussi beaucoup de soutiens d'habitants horrifiés», avoue Malek, la jeune maman voilée. «Une histoire de voile à trois francs six sous est en train de mettre tout Wissous sur les dents», déplore un homme, interrogé par la même source, au café de la mairie. En quelques secondes, il sort de ses gonds. Risque d'exclusion de l'UMP Saisi par le CCIF notamment, l'UMP a enfin réagi à la polémique, ce mercredi. «JE SUIS ABASOURDI, HORRIFIE, par ce que je découvre. C'est juste inadmissible», a déclaré Georges Tron, le patron de l'UMP en Essonne après avoir pris connaissance des propos injurieux qui circulent à Wissous. «Si Richard Trinquier ne se désolidarise pas et ne désavoue pas ces élus, s'il assume leurs propos ou réitère ceux qu'il aurait lui-même tenus, une exclusion sera demandée», prévient-il, précisant qu'il a envoyé un «long mail» au maire mercredi pour lui demander une explication et lui indiquer qu'il sera convoqué devant le bureau départemental de l'UMP. «De tels propos, prononcés ou relayés, sont contraires à nos statuts, mais ils sont surtout contraires à nos valeurs et à notre philosophie», ajoute-t-il. «Je ne suis pas responsable des propos des autres, et je défends quiconque de me traiter de raciste comme cela a été fait. J'ai moi-même été assez victime de racisme pour savoir ce que c'est (NDLR : il est né au Viêt Nam). Je n'accepte pas les dérives, cela est différent», se défendait lundi Richard Trinquier. Avec tous les messages du maire -disparus depuis- et les captures d'écran que le CCIF a fait enregistrer par huissier, pas sûr que l'élu arrive à convaincre l'UMP de sa «bonne foi».