Les musulmans de Montfermeil ne réclament pas plus qu'un lieu de culte décent et digne. Ceux qui se voient obligés de prier à même le sol de l'avenue Jean-Jaurès veulent un feed-back suite à leur manifestation de vendredi dernier. 2500 personnes selon les organisateurs et 1500 selon la police se sont regroupées devant le pavillon de l'avenue Jean-Jaurès à Montfermeil, juste après la prière d'Addohr de vendredi dernier. L'endroit qui fait office de mosquée est devenu depuis des lustres très étroit pour accueillir tous les fidèles musulmans des environs. «Ils sont de plus en plus nombreux à s'y rendre pour accomplir le deuxième pilier de l'Islam. Avant, ils n'étaient que quelques centaines de musulmans à prier régulièrement en groupe, surtout les vendredis à midi. Aujourd'hui, ils avoisinent les 2000 fidèles», constate Amar Brahmi, responsable des affaires cultuelles à l'Association cultuelle et culturelle des musulmans de Montfermeil (ACCM). Munis de banderoles et de pancartes sondant «Halte à l'islamophobie» ou «Musulmans, juifs, chrétiens, soyons unis pour la paix», les manifestants ont tenu à ce que leur marche soit silencieuse, à destination de l'hôtel de ville, pour aller à la rencontre du maire Xavier Lemoine (UMP). Seul hic, ce dernier est en conflit avec l'association en question. Motif de la guéguerre: les travaux d'extension dont il ne veut plus entendre parler. Contactés par nos soins, Samy Debah, président du Comité Contre l'Islamophobie en France (CCIF) reste tranchant et clair : «Le maire, Xavier Lemoine, entrevoit que l'Islam est une idéologie envahissante. Mais au lieu de respecter les principes de la liberté de culte (chrétien démocrate qu'il est), il opte pour la diplomatie qui n'arrange que son propre parti». Et d'ajouter : «La situation à Montfermeil demeure particulière mais pas emblématique de toute la France. Ailleurs, dans d'autres villes françaises, des maires sont souvent poursuivis pour xénophobie à cause de leurs attitudes islamophobes dont le refus d'accorder des autorisations pour construire des mosquées». Lemoine persiste Le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, a même assigné en justice les membres de l'ACCM pour l'extension de leur lieu de culte. Une poursuite qui s'est soldée par la condamnation de l'ACCM par le tribunal de Bobigny, en janvier dernier, à fermer ou à démolir son extension dans les six mois courants. Si le jugement n'est pas exécuté, l'association devra payer 40 euros par jour, à partir du mois de juillet prochain. Pour argumenter sa cause, le maire a fait valoir des «anomalies sur des questions de sécurité» en disant que l'association est «en infraction avec le code de l'urbanisme et ne veulent pas se conformer aux lois de la République». De son côté, l'association ne lâche pas prise. En d'autres termes : elle n'a même pas prévu de démolir l'extension en question, car elle réclame «des conditions dignes pour pratiquer le culte» et a fait appel de la décision du tribunal, témoigne Samy Debah. Ce ne sont pas des melons... Décidément, l'islamophobie se propage en toute quiétude en France. Le souvenir de l'affaire des melons, lui, reste encore frais. Il s'agit du fameux tract injurieux distribué en février 2011 à Herblay (Val d'Oise - 95), montrant en photo une centaine de fidèles en train de prier avec, comme commentaire en tête: «les cultivateurs en colère déversent des tonnes de melons dans les rues». (ndlr : «melon» signifiant «Arabe» en français familier). Une telle phrase choc a valu un inextricable imbroglio judiciaire au maire de la ville.