Il ne se passe quasiment pas un jour sans une actualité sur l'Algérie et le Maroc. Cette fois, le sujet de désaccord entre les deux frères ennemis ne concerne ni le Sahara occidental ni l'Union du Maghreb mais le Mali. Rabat et Alger se livre à une rude concurrence pour renforcer leur influence dans ce pays. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra rejette tout rôle du royaume dans la solution de la crise malienne. Il s'est même interrogé «à quel titre le Maroc aurait-il dû être» invité aux négociations de paix entre les factions? Une allusion à l'absence de frontières terrestres entre Rabat et ce pays. Ce prétexte avait déjà était brandi par les porte-paroles du pouvoir algérien pour évincer, en 2009, Rabat du tour de table de la fameuse Coordination de Tamanrasset. L'entité était supposée alors combattre le terrorisme au Sahel avant de tourner court, justement à cause de l'avancée des groupes islamistes au Mali. C'est le président Keïta qui a écarté le Maroc Lamamra a, par ailleurs, nié toute responsabilité de son pays dans la mise à l'écart du royaume du processus de paix au Mali. «Pourquoi entretenir le cliché selon lequel l'Algérie s'emploierait à isoler le Maroc ?», s'est-il, encore une fois, demandé. C'est sa manière de répondre aux propos de M'Barka Bouaida, la n°2 de la diplomatie marocaine, tenus le 22 juillet à la Chambre des représentants, accusant le voisin de l'Est d'isoler le Maroc sur la scène régionale. «Ce que je sais, c'est qu'à l'occasion de sa visite à Alger, le 19 janvier, le chef de l'Etat malien a solennellement demandé au président Abdelaziz Bouteflika que son pays facilite le dialogue inter-malien prévu par l'accord de Ouagadougou du 18 juin», a-t-il rappelé. Environ deux semaines plus tard, le roi Mohammed VI recevait à Marrakech, Bilal Cherif, le secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Depuis Bamako a initié un net rapprochement avec Alger au détriment de Rabat. Le remaniement ministériel initié, le 9 avril dernier, par le président Ibrahim Boubacar Keïta, n'a fait qu'officialiser la lune de miel entre les deux régimes. Alger pilote seul le dialogue inter-malien A la suite de l'escalade militaire dans la région de Kidal, survenu en mai dernier, entre les troupes touarègues du MNLA, qualifiées de proche du royaume, et les forces gouvernementales, Salaheddine Mezouar, le chef de la diplomatie, avait été envoyé, d'urgence, à Bamako pour des entretiens avec le président Keïta. Une visite qui n'a pas pesé lourd sur la suite des événements. Le dialogue inter-malien est, désormais, piloté par l'Algérie. Et c'est à Alger que les discussions sont menées et non comme auparavant à Ouagadougou au Burkina Faso. Du 16 au 24 juillet, les différentes factions se sont réunies dans la capitale du voisin de l'Est. Une première étape qui devrait être suivie par un deuxième round de négociations, prévu du 17 août au 11 septembre, toujours à Alger.