L'heure est à la réflexion à Casablanca. Un appel d'offres vient d'être lancé pour étudier la faisabilité d'un projet de Bus à haut niveau de service (BHNS) à Casablanca. Il ne s'agit cependant pas d'un moyen de transport supplémentaire dans le plan de déplacement urbain de la métropole, mais d'un substitut aux trois lignes de tramway attendues après celle inaugurée en décembre dernier. Une affaire de coût. Faudrait-il garder le projet des trois dernières lignes de tramway prévues à Casablanca ou basculer sur les Bus à haut niveau de service (BHNS) ? C'est la question à laquelle les autorités de la ville essayent de répondre. La société en charge de la planification du déplacement urbain, Casa Transports, vient de lancer un appel d'offres relatif aux études de faisabilité et aux études préliminaires du projet de BHNS. Des résultats positifs transformeraient les deuxième, troisième et quatrième lignes de tramway prévues dans le plan de déplacement urbain (PDU) en lignes dédiées à des BHNS. Le Km d'une ligne de BHNS coûte 4 fois moins que le tramway Qu'est-ce qui motive cette remise en question six ans après l'adoption du PDU ? «Quand nous décidons de réaliser une ligne de transport commun, il y a deux choses à prendre en compte : le coût et le besoin», répond à Yabiladi une source proche du dossier à Casa Transports qui requiert l'anonymat. En effet, la réalisation d'une ligne de BHNS nécessite un coût moindre de 50 millions de dirhams le kilomètre, contre 210 millions pour le tramway. Un écart énorme à considérer avec attention compte tenu des réalités économiques et financières du royaume. Pour mémoire, le coût global estimé pour la réalisation du PDU est de 50 milliards de dirhams. La première ligne de tramway, la plus longue avec 31 km dont l'nauguration date de décembre 2012, a coûté environ 6 milliards de dirhams. Pour sa part, le prochain métro aérien, sur 15 kilomètres, nécessite une enveloppe de 8 milliards de dirhams. «Tout cela est assez lourd pour l'Etat qui ne peut tout seul financer le réseau», souligne notre source ajoutant qu'il est question aujourd'hui, «de chercher d'autres sources de financement». «L'appel d'offres lancé permettra de savoir si les bus à couloirs dédiés peuvent répondre aux besoins de transports – déplacement aller-retour – sur les trois axes concernés», explique-t-elle. Un imprévu qui s'invite dans le PDU élaboré en 2007 Il faut cependant dire que le PDU de Casablanca tel que élaboré en 2007, prévoyait uniquement quatre lignes de tramway, une de RER et un métro aérien. Le bus à haut niveau de service n'y figurait donc pas. C'est dire l'importance du volet financier dans la réalisation de ce projet. Il faudrait également noter que le projet coûteux du tramway à Casablanca a été critiqué au vu de l'état déplorable du service des bus ordinaires. Interrogé par L'Economiste, le DG de Casa Transports a défendu le projet de BHNS expliquant que «c'est un système de transport qui a la qualité d'un tramway et peut parfaitement répondre aux objectifs de transport sur les axes envisagés». Risque pour l'environnement ? Déjà présent dans plusieurs pays développés, le BHNS n'a cependant pas toujours fait l'unanimité. En France par exemple, sa mise en place a souvent attisé bien de critiques, notamment auprès des écologistes. Selon l'élu éco-socialiste, Alain Caraco, le BHNS serait polluant, car il fonctionne à l'aide d'un moteur thermique. De plus, il serait bruyant et n'égalerait pas le tramway en matière de confort. Au Maroc, les résultats de l'étude de faisabilité bientôt menées pourront tirer au clair tous ces points. Bien que Casa Transports insiste sur le fait que «la décision n'est pas encore prise», il ne serait pas étonnant que l'option des BHNS soit adoptée, à moins que la situation financière de l'Etat change d'ici-là. Notons qu'une fois les résultats des études obtenus, élus et autorités compétentes rendront leur décision finale, attendue dans au moins six mois.