Ripostant à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par la France, l'Algérie s'oriente de plus en plus vers des sanctions économiques contre Paris. Révélé par Le Figaro, un document non authentifié fait référence à une directive de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF). L'été dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères a déjà fait planer la menace. Les opérations d'importation et d'exportation entre l'Algérie et la France seraient suspendues, en réponse à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par Paris. Une directive dans ce sens aurait été débattue, lors d'une réunion tenue lundi 4 novembre par l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF). Bien qu'elle n'ait pas de prérogatives pour imposer une telle mesure, l'entité agissant auprès du gouvernement pour réguler ces échanges commerciaux a donné ses orientations verbalement, a révélé Le Figaro. Selon le média français, l'éventuelle sanction n'a d'ailleurs pas fait l'objet d'une déclaration officielle. La source évoque plutôt la diffusion d'un «document non authentifié, résumant ce qui s'est dit lors de cette réunion», ce qui a alimenté «les pires craintes» au sein de la communauté française. Si les autorités algériennes venaient à confirmer cette mesure, «cela équivaudrait à une suspension des relations commerciales entre la France et l'Algérie», fait ainsi savoir Le Figaro. Les Affaires étrangères algériennes ont déjà ouvert la voie Quoique non annoncée officiellement, la mesure semble plausible, faisant écho à une déclaration officielle. L'été dernier, l'Algérie a en effet exprimé sa colère sur la reconnaissance française de la marocanité du Sahara. Dans ce sens, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a déjà menacé de sanctions économiques, comme a été le cas avec l'Espagne, lorsque Madrid a soutenu le plan d'autonomie marocain au Sahara. Lors d'une conférence de presse, dans le temps, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par la France ne pouvait «en aucun cas contribuer à relancer le processus politique» d'une solution au différend régional. Pour cette raison, l'Algérie a procédé au retrait de son ambassadeur à Paris. Sahara : L'Algérie menace de prendre des sanctions économiques contre la France Ahmed Attaf a insisté sur le fait que cette première démarche n'était pas qu'une simple convocation pour consultations, mais bien «une réduction de la représentation» diplomatique en France. Pour lui, c'est «une haute expression de désapprobation» du revers de Paris. «Nous prendrons les mesures nécessaires à travers lesquelles nous exprimerons notre rejet d'une telle initiative de la France», a ainsi menacé le chef de la diplomatie. Dans la même logique, l'Algérie a ensuite exclu les entreprises françaises d'un appel d'offres d'importation de blé, en demandant aux soumissionnaires de ne pas traiter avec ces producteurs-là. En 2022, une mesure similaire a été prise par les autorités algériennes contre l'Espagne, après le soutien de la position du Maroc sur le Sahara par le Premier ministre Pedro Sánchez. A rebours de l'Algérie, la France entend bien investir au Sahara Les manœuvres algériennes interviennes dans un contexte où, à la suite de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par la France, le président Emmanuel Macron a effectué une visite d'Etat au royaume, du 28 au 30 octobre dernier, sur invitation de Mohammed VI. Les trois domaines d'engagement de la France dans les provinces sahariennes marocaines Cette visite a constitué l'ouverture d'une nouvelle page dans les relations diplomatiques entre les deux pays, dont les chefs d'Etats ont signé une Déclaration relative au «Partenariat d'exception renforcé». L'objectif est de permettre au Maroc et à la France de répondre aux défis communs, «en mobilisant tous les secteurs pertinents de la coopération bilatérale, régionale et internationale». Dans la suite de ces revirements, la directive verbale de l'ABEF est révélée en même temps où l'Agence française de développement (AFD) confirme son projet d'investir au Sahara. Dans une interview donnée à la MAP et relayée ce jeudi, le directeur général de l'instance, Rémy Rioux, a évoqué des initiatives à Laâyoune et à Dakhla. A ce titre, le responsable a indiqué qu'il comptait se rendre prochainement dans les provinces du sud du Maroc.