La «nouvelle dynamique irréversible» pour les relations bilatérales entre Paris et Alger, à la base objet de quiproquos et de dissentiments persistants, est morte. L'Algérie a décidé en catimini d'abandonner les ententes actées lors de la visite d'Emmanuel Macron au pays en 2022, dans le cadre d'un «paquet de sanctions» qui peut concerner d'autres domaines. Il est loin, le temps où Emmanuel Macron a été accueilli en Algérie avec les honneurs militaires. Après la reconnaissance française de la souveraine marocaine sur le Sahara, Alger a accentué sa ruade contre Paris : selon des sources qui se sont confiées à Barlamane.com, le «nouveau partenariat privilégié» signé en 2022 et censé encourager «une vision commune et une démarche étroitement concertée» en faveur des deux capitales a été tout bonnement abandonné par l'Algérie, bien qu'elle souhaitait «l'approfondir dans la suite de la déclaration d'Alger» en marge de la visite (aujourd'hui en plan) d'Abdelmadjid Tebboune à Paris. Cette décision signifie que le «haut conseil de coopération» au niveau des chefs d'Etat et prévu par la déclaration dite d'Alger ne verra jamais le jour, tandis que le relancement des comités intergouvernementaux dans les domaines économiques et stratégiques est au point mort. Quant à la commission mixte d'historiens, mise en place pour s'épancher sur le dossier mémoriel, son sort, lui, reste inconnu. Emmanuel Macron, qui a multiplié les gestes politiques envers l'Algérie, a été confronté à une surenchère algérienne qui exige des excuses officielles et publiques pour la colonisation, ce que Paris rejette. En 2021, il a dénoncé le «système politico-militaire» qui exploite la «rente mémorielle» pour arriver à ses fins. Représailles non déclarées La nouvelle position française en faveur du Maroc a forcé Alger à retirer son ambassadeur à Paris et à ne plus réadmettre ses ressortissants illégaux expulsés par la France, entre autres oukases. Le «partenariat renouvelé» et «l'histoire d'amour» qui lient la France à l'Algérie ont fait finalement long feu. Quant à l'arme énergétique, elle ne sera pas d'un grand secours pour l'Algérie étant donné le faible poids du gaz dans le mix énergétique français (environ 19 %), alors que le régime algérien a intensifié ses livraisons via le gazoduc Transmed à l'Italie. Il reste à savoir si «le partenariat avec la France» dans la lutte contre la menace djihadiste au Sahel sera également abdiqué par l'Algérie et si le président Abdelmadjid Tebboune (qui sera sans doute massivement réélu) effectuera une visite d'Etat en France «en octobre», un déplacement reporté plusieurs fois et évalué à l'aune de cinq dossiers par le régime algérien, à savoir la mémoire, les mobilités, la coopération économique et les essais nucléaires français dans le Sahara algérien. Le gouvernement algérien a, pour rappel, annoncé, le 30 juillet, le «retrait avec effet immédiat» de son ambassadeur en France, après l'annonce de la nouvelle position de Paris en faveur du plan d'autonomie marocain pour le territoire du Sahara. La France avait «pris note de la décision de l'Algérie de rappeler son ambassadeur», «une décision souveraine», qui se passe de commentaire selon une source diplomatique. Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, le président français, Emmanuel Macron a concédé que le plan marocain «constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.» Cette missive fait valoir que «le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.»