C'est sûrement le syndrome Colonna, qui consiste à se «donner la liberté de faire une annonce peu sûre sur une échéance bilatérale importante». Des médias, mal informés ou pigeonnés, se sont empressés à mentionner des dates fictives relatives à la visite du président français Emmanuel Macron au Maroc, citant des sources anonymes. Celle-ci est encore en phase de maturation. Envisagée au premier trimestre 2023, compromise par un vote contre le Maroc au Parlement européen orchestré par Paris, puis écartée de «l'ordre du jour et effacée de l'agenda» officiel de Rabat, la visite du président français Emmanuel Macron au Maroc est devenue l'objet d'une folle spéculation médiatique. Selon nos informations, rien n'a encore été décidé à propos de ce rendez-vous «qui dépend, surtout, d'une mise en train nécessitant vaste concertations entre le commandement politique et diplomatique des deux pays», a-t-on appris. À Paris, Nasser Bourita a abordé le sujet avec son homologue français Stéphane Séjourné sans qu'un engagement à prévision soit arrêté. Annoncée «début mai» par certains supports citant des sources anonymes, elle a été déclarée rapido-presto «reportée» en septembre «en raison des élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin et des Jeux olympiques d'été, organisés du 26 juillet au 11 août à Paris», pourtant deux paramètres de vieille date qui devraient être des prédéterminants indiscutables. Les citadelles diplomatiques officieuses ne savent pas à quoi s'en tenir sur les dispositions des chancelleries et sur la résolution des cabinets ? Toutefois, en septembre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune effectuera[it] une périlleuse visite d'Etat en France, officiellement annoncée par l'Elysée, ébruitée à l'issue d'un entretien téléphonique entre Tebboune et Macron en mars. Le président français évoquera donc, en quelques semaines, et la question du Sahara avec le roi Mohammed VI et «l'approfondissement du partenariat renouvelé entre la France et l'Algérie» ? Discutera-t-il d'un profond rapprochement protéiforme avec le Maroc et d'une coopération élargie avec l'Algérie «sur le plan économique, énergétique, agricole, éducatif et culturel, ainsi qu'en matière de mobilités et d'échanges humains», à en croire la présidence française ? Périlleux exercice compte tenu des humeurs algériennes acerbes. Emmanuel Macron, lui, veut aborder «les questions mémorielles» avec un pouvoir algérien qui n'entend pas abandonner cette véritable «rente» qu'il utilise à des fins politiques pour intimider l'ancien colonisateur. Le Sahara, cela sera entre le roi Mohammed VI et Emmanuel Macron «En ce qui concerne la question diplomatique, elle se réglera entre les deux chefs d'Etat [le roi du Maroc Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron]», a déclaré récemment Stéphane Séjourné à Radio France internationale (RFI, France Médias Monde-FMM-audiovisuel extérieur). Les responsables français, pour le moment, se déplacent au Maroc pour confirmer le réchauffement entre Rabat et Paris. À l'heure actuelle, la visite marocaine de Macron se prépare loin des bruits de couloirs, avec quelques variables constitutifs :«la position française liée à la question du Sahara», «un nouveau chapitre diplomatique et politique», les contours du partenariat «d'avant-garde» censé couvrir les trois prochaines décennies, et «le développement multidimensionnel de nouveaux écosystèmes industriels» au Sahara avec l'appui d'investissements français et étrangers.