Des révélations récentes de la plateforme de surveillance maritime TankerTrackers.com indiquent que l'Algérie a repris des livraisons clandestines de pétrole brut à destination de Cuba. Ce soutien énergétique, qui se fait loin des projecteurs, atteste à quel point l'Algérie peut s'engager à fond dans son soutien au polisario, quitte à faire le jeu de Cuba et à encourir le courroux de Washington. L'Algérie semble prête à tout pour maintenir l'appui inébranlable de Cuba au Front polisario. Selon TankerTrackers.com, un chargement de pétrole brut algérien a été livré en toute discrétion à La Havane ce mois-ci. Alors que Cuba traverse une grave crise énergétique, ce geste dépasse largement la simple entraide entre alliés : il illustre la volonté d'Alger de continuer à acheter, à prix fort, le soutien cubain aux séparatistes du Sahara. Ces dernières années, le régime de La Havane a compris l'avantage stratégique de sa position et n'hésite plus à faire pression sur Alger pour monnayer son alignement diplomatique. Le chantage cubain : l'Algérie acculée Les relations entre l'Algérie et Cuba, historiquement fondées sur une solidarité idéologique, traversent une période de tensions exacerbées. Selon des informations rapportées par plusieurs médias, Cuba aurait exigé en 2024 de l'Algérie le paiement d'une dette de près de 500 millions de dollars, contractée pour la formation militaire et technique des membres du Front polisario. Face aux retards de paiement, La Havane aurait menacé d'expulser les combattants du polisario présents sur son territoire. Cette situation place Alger dans une position délicate : pour préserver le soutien cubain au polisario, l'Algérie se voit contrainte de céder aux exigences financières de son allié caribéen, au risque de s'attirer les foudres des acteurs internationaux, notamment les États-Unis. Cette livraison secrète de pétrole algérien à Cuba pourrait bien s'inscrire dans le cadre de ce chantage financier. L'Algérie, qui ne peut se permettre de perdre un allié aussi stratégique dans sa propagande pro-polisario, cherche manifestement à calmer le jeu avec La Havane. Mais cette transaction intervient dans un climat international particulièrement risqué. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025, Cuba est de nouveau dans le viseur de Washington, qui pourrait durcir encore plus ses sanctions contre le régime de Miguel Diaz-Canel. En contournant discrètement ces restrictions pour s'assurer du soutien cubain, Alger joue un jeu dangereux. L'administration américaine, bien moins conciliante que sous Biden, pourrait ne pas laisser passer de telles manœuvres sans conséquences. BREAKING: Algerian crude oil has been secretly delivered to Cuba this month. This is the first known delivery since 2018. Cuba continues to struggle with power outages due to shortages of crude oil and fuel oil imports. #OOTT pic.twitter.com/w6XYUFqY0G — TankerTrackers.com, Inc. (@TankerTrackers) February 19, 2025 Les nouvelles sanctions américaines aggravent la crise énergétique cubaine Depuis l'investiture du président Donald Trump le 20 janvier 2025, les États-Unis ont intensifié les sanctions contre Cuba, réinscrivant l'île sur la liste des États soutenant le terrorisme et renforçant les restrictions économiques. Ces mesures ont exacerbé la crise énergétique à Cuba, entraînant des pénuries de carburant et des coupures d'électricité prolongées. Le gouvernement cubain a été contraint de fermer des écoles et d'ordonner aux travailleurs non essentiels de rester chez eux en raison de pannes de courant généralisées, résultant de la défaillance d'une importante centrale électrique. Actuellement, seulement six des quinze centrales électriques fonctionnant au fioul sont opérationnelles, et le manque de carburant empêche l'utilisation de générateurs fonctionnant au diesel. La capitale, La Havane, subit des coupures pouvant atteindre dix heures, tandis que les zones rurales sont confrontées à des pannes allant jusqu'à vingt heures. Historiquement, Cuba a compté sur des alliés tels que le Venezuela pour son approvisionnement en pétrole. En octobre 2000, un accord entre Hugo Chávez et Fidel Castro prévoyait l'envoi de 53.000 barils de pétrole par jour à Cuba, volume porté à 90.000 barils par jour en 2005. Cependant, la crise économique persistante au Venezuela a conduit à une réduction significative de ces livraisons, aggravant la situation énergétique de l'île. D'autres pays, comme le Mexique, ont tenté de combler ce déficit. En novembre 2024, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a confirmé la poursuite des envois humanitaires de pétrole et de diesel à Cuba pour aider à atténuer la crise énergétique. Malgré ces efforts, les besoins énergétiques de Cuba restent largement insatisfaits. Dans ce contexte, les livraisons secrètes de pétrole algérien à Cuba peut être perçue par Washington comme un acte hostile. En s'impliquant dans le ravitaillement énergétique d'un régime sous sanctions, Alger prend le risque de se heurter à des représailles américaines. Déjà, l'Algérie inspire beaucoup de méfiance à Washington. Marco Rubio, l'actuel secrétaire d'État américain, a exprimé à plusieurs reprises ses inquiétudes quant aux relations de l'Algérie avec la Russie, notamment en 2022, lorsqu'il a appelé à des sanctions contre ce pays pour ses achats d'armes russes.