Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé vendredi 18 mars à l'occasion du 60ème anniversaire des accords d'Evian que le dossier mémoriel devrait être abordé d'une manière «équitable», ajoutant que les «crimes» de la colonisation française ne sauraient être frappés de prescription. Les accords d'Evian, signés le 18 mars 1962, ont instauré dès le lendemain un cessez-le-feu entre armée française et indépendantistes algériens, ouvrant la voie à l'indépendance de l'Algérie après 130 années de colonisation, dont huit d'une sanglante guerre. «Le dossier mémoriel doit inévitablement être traité d'une manière responsable et équitable dans un climat de franchise et de confiance», a déclaré Abdelmadjid Tebboune dans un message diffusé par la présidence à l'occasion de cet anniversaire, célébré en Algérie le 19 mars comme une «fête de la Victoire». Il a toutefois estimé que les «hideux crimes de la colonisation ne seront pas oubliés et ne sauraient être frappés de prescription». Abdelmadjid Tebboune a rappelé que l'Algérie réclamait toujours de «récupérer les archives (de la période coloniale), des informations sur le sort des disparus de la glorieuse guerre de libération et des dédommagements pour les victimes des essais nucléaires», auxquels la France a procédé entre 1960 et 1966 dans le Sahara algérien. Emmanuel Macron, premier président français né après la guerre d'Algérie a entrepris un travail de mémoire inédit sur cette guerre, souvenir douloureux pour des millions de Français, dont de nombreux d'origine algérienne. Mais le rapport de l'historien Benjamin Stora, remis en janvier 2021 et sur lequel Emmanuel Macron s'appuie pour sa politique mémorielle, ne préconise ni excuses ni repentance et a été vivement critiqué en Algérie. En visite à Alger en février 2017 lorsqu'il était candidat à la présidence, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de l'Algérie de «crime contre l'humanité» et de «vraie barbarie». Emmanuel Macron présidera une cérémonie samedi à l'Elysée pour le 60e anniversaire des accords d'Evian et du cessez-le-feu en Algérie, avec un souci «d'apaisement» des mémoires et de «main tendue» à l'Algérie, a annoncé mercredi l'Elysée. Paris s'emploie depuis plusieurs mois à renouer la relation avec Alger, après une crise alimentée par des propos rapportés d'Emmanuel Macron en octobre, reprochant au système «politico-militaire» algérien d'entretenir une «rente mémorielle» autour de la guerre d'indépendance de l'Algérie.