Ces propos, prononcés lors d'un entretien à la presse nationale, surviennent un peu plus d'un mois après la publication d'un rapport critiqué sur la réconciliation mémorielle des deux pays. Depuis la publication, il y a près de six semaines, du rapport commandé par Emmanuel Macron à l'historien français Benjamin Stora sur la réconciliation des mémoires entre la France et l'Algérie, les prises de paroles d'Abdelmadjid Tebboune sur le sujet sont attendues avec un intérêt certain. «Nous ne renoncerons jamais à notre mémoire mais il ne faut pas en faire un fonds de commerce», a ainsi déclaré le président algérien, lundi 1er mars, lors d'un entretien télévisé avec des médias nationaux. «De puissants lobbys qui perturbent» les relations «Nous n'avons actuellement aucun problème avec la France», a assuré M. Tebboune, qui a qualifié les relations bilatérales de «bonnes». Toutefois, «nous ne privilégierons pas de bonnes relations au détriment de l'histoire et de la mémoire, mais les problèmes se règlent avec intelligence et dans le calme, et non avec des slogans», a poursuivi le chef de l'Etat algérien. Benjamin Stora, spécialiste reconnu de l'histoire contemporaine de l'Algérie, avait été chargé en juillet 2020 par le président français, Emmanuel Macron, de «dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie». Diversement accueilli, le rapport, remis à M. Macron le 20 janvier, a soulevé de vives critiques, aussi bien en Algérie qu'en France, notamment pour ne pas avoir préconisé des « excuses » de Paris pour les crimes de la période coloniale (1830-1962). M. Tebboune a de nouveau fustigé «de puissants lobbys en France (...) qui perturbent ces relations», en faisant allusion aux anciens partisans de l'Algérie française. De son côté, le président français, Emmanuel Macron, est décidé à prendre des «actes symboliques» pour apaiser les mémoires sur la guerre d'Algérie (1954-1962) et tenter de réconcilier les deux pays, mais il a exclu toute «repentance» et «excuse ». Gestes symboliques M. Tebboune a déjà pris acte du «geste» de Paris, qui a remis en juillet 2020 à Alger les restes de vingt-quatre combattants nationalistes algériens tombés au début de la colonisation française, au XIXe siècle. Parmi les autres gestes symboliques possibles, Benjamin Stora préconise notamment de faire entrer au Panthéon l'avocate Gisèle Halimi, figure d'opposition à la guerre d'Algérie, d'accorder une plus grande place à l'histoire de la France en Algérie dans les programmes scolaires ou encore de restituer à Alger l'épée d'Abdelkader, héros de la résistance à la colonisation française A l'approche du 60e anniversaire de la fin de la guerre et de l'indépendance de l'Algérie, en 2022, la «réconciliation des mémoires» est un dossier prioritaire entre Alger et Paris. MM. Macron et Tebboune se sont engagés à travailler ensemble sur ce dossier mémoriel.