En Algérie, la colère anticipée sur la reconnaissance française de la marocanité du Sahara franchit une nouvelle étape, après l'officialisation de la position de Paris. Dans ce sens, le voisin de l'Est n'entend pas s'arrêter au retrait de son ambassadeur de France. Lors d'une conférence de presse tenue mercredi, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a en effet menacé de mesures supplémentaires, notamment de sanctions économiques, comme ce fut le cas avec l'Espagne lorsque Madrid a soutenu le plan d'autonomie marocain au Sahara occidental. Revenant d'abord sur le retrait de l'ambassadeur algérien en France, Attaf a insisté qu'il ne s'agissait pas d'une simple convocation pour consultations, mais bien d'«une réduction de la représentation» diplomatique dans le pays. Pour le ministre, c'est «une haute expression de désapprobation» du revers de Paris. «Nous sommes en train de tirer les conclusions qu'il faut de la démarche française. Nous prendrons les mesures nécessaires à travers lesquelles nous exprimerons notre rejet d'une telle initiative de la France», a menacé le chef de la diplomatie. Selon Ahmed Attaf, la reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur le Sahara «ne peut en aucun cas contribuer à relancer le processus politique» d'une solution au différend régional. Elle nourrirait plutôt un «blocage», qui d'après lui durerait «depuis plus de 17 ans». «Les autorités françaises nous ont informé, par l'intermédiaire de notre ambassadeur à Paris, du contenu du message que le président comptait adresser au roi du Maroc, notamment la partie relative au Sahara. Avec instructions des plus hautes autorités du pays, notre ambassadeur a exprimé la position algérienne sur cette démarche, mettant en garde contre ses graves conséquences», a-t-il fait savoir. D'un ton colérique, le chef de la diplomatie algérienne a réitéré à deux reprises que la décision française était «un cadeau de ceux qui n'en ont pas à ceux qui ne le méritent pas». Par ailleurs, il a révélé que le président Emmanuel Macron avait informé son homologue Abdelmadjid Tebboune du changement de position de la France sur la question, le 13 juin, lors du sommet du G7 en Italie.