Après l'Espagne, l'Algérie sanctionne des intérêts économiques français. Comme avec Madrid, le soutien de Paris à la position du Maroc sur le Sahara occidental en est la cause directe.p Après le retrait en juillet de son ambassadeur à Paris en riposte à la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, de la marocanité du Sahara, l'Algérie passe aux sanctions. Le voisin de l'Est «a exclu les entreprises françaises d'un appel d'offres pour l'importation de blé cette semaine et a exigé que les entreprises participantes ne proposent pas de blé d'origine française», a révélé Reuters. «L'Algérie a tenu l'un de ses appels d'offres réguliers mardi, dans le cadre duquel l'OAIC, l'agence nationale des céréales, aurait acheté plus de 500 000 tonnes métriques, selon les estimations des négociants», annonce la même source. «Les entreprises françaises n'ont pas reçu d'invitation à participer, tandis que les entreprises non françaises qui ont pris part à l'appel d'offres ont été invitées à ne pas proposer de blé français comme option d'approvisionnement», ont confié des sources commerciales à Reuters. La partie algérienne n'a pas expliqué aux entreprises françaises les raisons de sa décision, mais l'agence de presse attribue cette mesure des autorités algériennes à «la décision de la France, en juillet, de soutenir un plan visant à placer la région du Sahara occidental sous la souveraineté du Maroc». Réquisitoire de Tebboune, samedi, contre la France Cette sanction intervient trois jours après le réquisitoire dressé par le président Abdelmadjid Tebboune contre la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara. «Annoncer publiquement l'acceptation du ''plan d'autonomie'' alors que le dossier du Sahara occidental se trouve au niveau de la commission de décolonisation de l'ONU, sachant que la France est membre du Conseil de sécurité, participe de la politique de deux poids deux mesures», a-t-il condamné dans une interview accordée samedi à des médias locaux. Le chef d'Etat a, d'ailleurs, accusé la France de commettre «un génocide» dans son pays. «On demande la vérité historique. Nous demandons une reconnaissance des crimes coloniaux (…) Il ne faut pas falsifier l'histoire», a insisté Tebboune. «L'Algérie a été choisie pour le vrai grand remplacement, qui est de chasser la population locale pour ramener la population européenne et combattre l'islam pour christianiser l'Algérie et en faire une terre européenne... On ne peut effacer l'histoire», a-t-il dénoncé. Et de conclure ses accusations en annonçant le report sine die de son projet de visite officielle en France. Au lendemain de l'annonce du président français de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avait affirmé aux médias que «le retrait de l'ambassadeur (algérien en France) est un premier pas qui sera suivi par d'autres». Pour rappel, l'Union européenne avait condamné, le 14 juin dernier, «les mesures commerciales restrictives», décrétées en juin 2022 par l'Algérie contre l'Espagne, en raison du soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara. «L'Algérie ne respecte pas ses engagements de libéralisation des échanges au titre de l'accord d'association UE-Algérie», conclu en 2002, avait indiqué la Commission européenne.