Après un sit-in dispersé, mercredi soir à Rabat, les étudiants médecins ont appelé à la mobilisation générale, dans l'ensemble de leurs facultés dans le pays. Ce jeudi, marqué également par une intervention des autorités, des professeurs ont appelé à l'apaisement plutôt qu'à l'approche sécuritaire. Pour sa part, le ministère de tutelle a promis un retour à la normale. La Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie au Maroc (CNEMEP) a fait état de 15 arrestations, ce jeudi après-midi, à la suite d'un nouveau sit-in tenu par les étudiants de la Faculté de médecine et de pharmacie à Rabat. Ce rassemblement fait suite à celui tenu hier soir et dispersé par la force, suite à quoi l'instance a exprimé son désarroi face aux violences. Dans un communiqué dans la nuit de mercredi à jeudi, la CNEMEP a tenu le gouvernement responsable de la situation, «en la personne du chef de l'exécutif et du ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation». Dans sa même déclaration, la CNEMEP a déjà fait état de 15 premières arrestations, hier soir. Dans ce sens, la Commission a appelé le gouvernement à «arrêter l'hémorragie et à revenir sur cette approche qui montre son échec depuis un an». Aussi, elle a appelé «l'ensemble des étudiants des Facultés de médecine dentaire, de médecine et de pharmacie relevant des universités du pays, ainsi que les professionnels de santé et les professeurs» à se joindre aux sit-in de protestation organisés ce jeudi. Par ailleurs, les étudiants nouvellement admis en première année ont été appelés à adhérer au mouvement de grève en cours. «Nous soulignons que la violence n'est ni un moyen de négociation, ni un langage que nous employons», insiste la représentation estudiantine, tout en rappelant son attachement «au caractère pacifique de toutes [ses] formes de lutte, quelle que soit l'ampleur des provocations et quel que soit le niveau de tension». «Nous rappelons que notre motif premier de protestation est notre amour pour la patrie et notre attachement à la qualité de la formation publique de médecine», souligne la déclaration écrite. Le ministère annonce des sessions d'examens extraordinaires Ce jeudi, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation a réagi par un communiqué, affirmant que «les facultés de médecine et de pharmacie prendront les mesures nécessaires pour rétablir leur fonctionnement normal». Selon la même source, les décisions adéquates seront prises «pour permettre aux étudiants ayant passé les examens du premier semestre de la session du 5 septembre 2024 de continuer à passer les examens lors d'une session extraordinaire spéciale, ainsi qu'aux étudiants ayant boycotté les cours de passer tous les examens de l'année universitaire 2023-2024 au titre d'une session extraordinaire unique pour chaque semestre et ce, avant la fin du mois de novembre 2024». De même, le zéro pointé sera annulé pour les étudiants n'ayant pas passé les examens. Il sera remplacé par les notes obtenues lors des sessions extraordinaires. Par ailleurs, les délibérations des résultats des examens d'inscription dans les années suivantes «se feront sur la base des notes obtenues lors des sessions normales et extraordinaires, sans prendre en compte la condition de l'achèvement des stages», a encore annoncé le ministère. Les stages seront d'ailleurs programmés ultérieurement, dans le respect de leur durée et des conditions de validation, tandis que «des procédures seront lancées dans l'immédiat pour revoir les sanctions décidées à l'encontre des étudiants inscrits dans les filières de pharmacie, en lien avec les événements ayant accompagné le boycott des cours dans les facultés de médecine et de pharmacie», souligne-t-on. Dans ce sens, le département rappelle que la rentrée au titre de l'année universitaire 2024-2025 a débuté le lundi 23 septembre 2024 pour les nouveaux étudiants inscrits en première année et le lundi 14 octobre pour les autres niveaux. A ce titre, le ministère inscrit les mesures annoncée dans le cadre de démarches de médiation entre le gouvernement, les doyens et les enseignants chercheurs, outre «les efforts déployés par l'Institution du Médiateur du Royaume afin de trouver un terrain d'entente avec les étudiants ayant boycotté les cours». Les enseignants appellent à l'apaisement Seulement, les étudiants grévistes insistent notamment sur la libération des manifestants interpellés lors des sit-in tenus depuis hier soir. Cette situation a fait réagir également les enseignants, qui ont appelé à l'apaisement. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, le bureau syndical des professeurs de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca a ainsi déploré, ce jeudi, l'impasse dont la sortie n'a pas encore été annoncée par grévistes représentés par le CNEMEP. «Nous avons appelé à plusieurs reprises à une solution urgente à la grève des étudiants, afin d'éviter un désastre. Nous avons également cherché une médiation entre le ministère et les étudiants, afin de contribuer une sortie de crise», indique la source, qui dénonce par ailleurs «les interventions violentes contre les étudiants» lors de leurs sit-in. Dans ce registre, l'instance alerte que «la démarche sécuritaire ne fera que compliquer la situation». Aussi, les enseignants ont réitéré leur demande de «désamorcer la crise avec une réadmission des étudiants suspendus et une annulation de la dissolution des bureaux des conseils étudiants». Par ailleurs, le bureau syndical a souligné son «appréciation du récent accord, en vertu duquel les étudiants en pharmacie ont décidé de mettre fin au boycott et de passer les examens». Afin de passer outre la crise, la représentation syndical a enfin renouvelé son appel à «adopter une approche participative dans la réforme des études en médecine, en impliquant toutes les universités». Depuis l'année universitaire précédente, les étudiants en médecine s'opposent principalement aux réformes, notamment la réduction de la durée des études de sept à six ans. Les autres revendications portent sur les conditions de formation pratique et théorique, la surcharge des facultés de médecine, la réforme du cursus de spécialisation en troisième cycle, ainsi que la rémunération des praticiens internes.