La crise dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire persiste avec un boycott massif des examens de rattrapage du premier semestre. Les étudiants, en grève depuis décembre 2023, restent fermes dans leurs revendications, malgré les efforts de médiation du gouvernement. La tension demeure palpable dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire. En dépit des appels à reprendre les cours et à participer aux examens, les étudiants persistent dans leur boycott massif. La session de rattrapage du premier semestre, initialement prévue pour apaiser les tensions, s'est déroulée sous le signe de l'absence. Selon la Commission nationale des étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie, le taux de boycott enregistré dès 11h du matin atteignait déjà 95 % dans la plupart des facultés concernées.
Ce mouvement de protestation, qui a débuté en décembre 2023, trouve son origine dans un désaccord profond entre les étudiants et le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation. Les étudiants réclament, entre autres, la levée des sanctions disciplinaires prises à leur encontre, ainsi que l'annulation de la dissolution des bureaux et conseils étudiants. Les futurs médecins, pharmaciens et dentistes insistent également sur la programmation de deux sessions d'examens pour garantir une année universitaire complète.
Un boycott aux proportions alarmantes
D'après les données recueillies par la commission étudiante, les facultés de Marrakech, Casablanca et Béni Mellal sont particulièrement touchées par le mouvement. À la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech, 97,87 % des étudiants en médecine ont boycotté l'examen, tandis que les étudiants en pharmacie affichaient un taux de 100 % d'absence. Une situation similaire a été observée à Béni Mellal, où le taux de boycott des étudiants en médecine s'élevait à 96,66 %. À Casablanca, le boycott en pharmacie atteignait également 97,1 %.
Face à cette situation, le Médiateur du Royaume, Mohamed Benalilou, a été sollicité pour engager des discussions avec les représentants des étudiants. Bien que la date précise de la réunion reste à confirmer, cette démarche vise à trouver une issue favorable à une crise qui s'enlise depuis plusieurs mois. Le Médiateur, en tant qu'institution indépendante et garante des droits des citoyens, pourrait jouer un rôle clé dans la recherche d'un consensus entre les étudiants et l'administration.
En effet, conformément à l'article 162 de la Constitution marocaine, l'institution du Médiateur a pour mission de défendre les droits des citoyens face à l'administration, tout en veillant à l'application des principes de justice, d'équité et de transparence. Dans ce contexte, la rencontre avec les représentants des étudiants pourrait permettre de relancer le dialogue et d'ouvrir la voie à une solution négociée.
Le gouvernement à la recherche d'une issue
Le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, de son côté, continue de plaider pour une reprise des examens. La Commission de dialogue représentant les groupes de la majorité à la Chambre des représentants a récemment confirmé l'engagement du ministère à sauver l'année universitaire 2023-2024. Parmi les solutions proposées figure la programmation d'une session de rattrapage pour le second semestre, en plus de celle prévue pour le premier semestre le 5 septembre 2024.
Cette proposition du ministère vise à permettre aux étudiants de rattraper le retard accumulé, tout en garantissant une continuité académique. Toutefois, la Commission nationale des étudiants en médecine et en pharmacie a fermement rejeté cette initiative, y voyant une tentative de diviser le mouvement étudiant. Elle estime que le gouvernement cherche à fragmenter l'unité des étudiants en offrant des solutions partielles, sans pour autant répondre aux revendications principales.
Un mouvement qui s'enracine
Les étudiants grévistes demeurent inflexibles, estimant que les actions du gouvernement ne répondent pas à leurs attentes. Selon une source proche de la Commission nationale des étudiants cité par nos confrères Al3omk, la stratégie employée par le ministère n'a fait qu'accentuer leur détermination à poursuivre le boycott. "Nous avons annoncé un boycott ouvert jusqu'à la satisfaction de nos revendications", a déclaré cette source. "Après plus de neuf mois de grève, les étudiants sont prêts à aller jusqu'au bout pour obtenir la levée des sanctions, la restauration des instances étudiantes et une réorganisation des examens."
Alors que le taux de participation aux examens de rattrapage reste très faible, les négociations entre les parties prenantes n'ont toujours pas abouti. Les étudiants en médecine, en pharmacie et en médecine dentaire restent mobilisés, faisant de ce boycott l'un des plus longs et des plus médiatisés de ces dernières années dans le secteur de l'enseignement supérieur marocain.