Le Front National vient de lancer une nouvelle polémique. Il accuse Najat Vallaud-Belkacem de communautarisme, sur la base d'une vidéo où l'on voit la ministre et porte-parole du gouvernement, d'origine marocaine, formuler des vœux pour le nouvel an amazigh en berbère. Une vidéo que le parti de Marine Le Pen croyait dater de 2013, alors qu'en réalité elle remonte à 2009. Dans un communiqué rendu public mardi 22 janvier, le Front national taxe Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, de «communautariste». Pour appuyer son accusation, le parti de l'extrême droite se base sur une vidéo, qui circule sur internet depuis dimanche dernier, où on voit la ministre souhaiter en tamazight un joyeux nouvel an aux Berbères de France, lors d'une cérémonie organisée à la mairie de Lyon. En réalité, la vidéo en question date de 2009, lorsque l'actuelle ministre était encore adjointe à la Ville de Lyon, chargée des grands événements, de la jeunesse et de la vie associative. De plus, selon le quotidien Le Progrès qui s'est emparé de l'affaire, la vidéo a été volontairement maquillée et recoupée pour faire croire à une célébration du nouvel an berbère 2063, correspondant à 2013. Mais le FN n'avait visiblement pas cherché à en savoir plus avant de publier un long communiqué sur un présumé «communautarisme triomphant» en France Doublement choqués chez le FN «C'est à double titre que nous avons été choqués de découvrir une vidéo de Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des droits des femmes, participant à Lyon à un événement éminemment communautaire, à l'occasion du nouvel an berbère», s'insurge Florian Philippot, vice-président du FN. «Choqués d'abord parce que la ministre cautionne, par sa simple présence, l'idée que les Français sont divisés en communautés», puis par «l'usage d'une langue étrangère par Najat Vallaud-Belkacem, réduisant et entretenant toujours plus les personnes visées dans une communauté d'origine», poursuit-il avant de souligner : «un ministre s'adressant à ses propres compatriotes dans une langue étrangère est quelque chose d'insupportable». Et de conclure que «puisque Madame Vallaud-Belkacem attend "Inch Allah un président berbère à l'Elysée", nous lui rappelons aussi que c'est au peuple français qu'appartient encore le pouvoir de désigner celui ou celle qu'il met à sa tête». Le mea culpa (ou presque) Quelques heures après la publication du communiqué précité, le FN en publie un autre, rectificatif cette fois, dans lequel il affirme avoir été trompé par «une information erronée du site Lyoncapitale.fr». Le parti bleu Marine ne retire toutefois pas ses propos, bien au contraire. «Si nous reconnaissons que les propos qui nous ont heurtés ne sont donc pas imputables à madame la ministre, ils n'en sont pas moins condamnables dans la bouche d'une élue de la République», estime Florian Philippot. Et d'ajouter : «Les présentes circonstances ne changent donc rien au fond du message anti-communautariste que nous portons et que nous porterons chaque fois que les valeurs de la République nous sembleront atteintes». Le Parti socialiste de son coté n'a pas tardé à dénoncer ces «traditionnelles méthodes de l'extrême droite raciste : faites d'amalgames, de faux ou d'informations falsifiées, et de dénonciations publiques ciblées contre une personnalité politique française en raison de ses origines». Pour David Assouline, porte-parole du PS, «il faut que le harcèlement du FN contre Najat Vallaud-Belkacem soit stoppé et que tous les républicains condamnent de telles méthodes».