L'Algérie veut se réconcilier avec le Maroc et relancer la construction de l'Union maghrébine. Deux annonces surprenantes faites par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Le ministre algérien des Affaires étrangères annonce que son pays est déterminé à normaliser ses relations avec le Maroc. «On peut considérer l'Algérie comme étant plus portée sur la recherche d'une solution rapide» à la crise avec le royaume, a déclaré Ahmed Attaf dans une interview accordée à la plateforme Atheer d'Al Jazeera, en marge de sa participation, les 10 et 11 décembre, au forum de Doha au Qatar. Des propos qui étonnent alors que l'Algérie a ignoré tous les appels du roi Mohammed VI à la reprise des relations, rompues en août 2021, dont le dernier date de quelques mois seulement. «Nous prions le Très-Haut pour un retour à la normale et une réouverture des frontières entre nos deux pays voisins et nos deux peuples frères», avait déclaré le 29 juillet le souverain dans un discours prononcé à l'occasion de la commémoration du 24e anniversaire de son accession au trône. Une initiative royale immédiatement qualifiée, par les médias algériens, de «fausse main tendue», alors que le royaume «multiplie les actes hostiles, agressifs et belliqueux à l'égard de l'Algérie et des Algériens». UMA, l'autre annonce d'Ahmed Attaf qui étonne Outre les relations avec le Maroc, le chef de la diplomatie algérienne a brillé par ses éloges au projet du Grand Maghreb. «Nous sommes conscients, ainsi que les autres Etats de l'édification du Maghreb arabe et de la fraternité», a-t-il assuré. «Ce rêve demeure toujours. Il ne pourra jamais être anéanti. J'attends avec impatience le jour où nous tenterons à nouveau de relancer cette édification. Notre rôle et notre responsabilité est de préparer le terrain, c'est la chose réaliste qui peut nous être demandée, et nous sommes prêts à le faire», a-t-il annoncé. Or sur ce sujet, Ahmed Attaf avait accusé le Maroc , en août dernier, d'avoir «paralysé l'Union du Maghreb Arabe (UMA)», et ce depuis les années 90. «L'Algérie n'a aucune responsabilité dans le blocage que connait cette union. Depuis, les circonstances n'ont pas évolué. Pire, elles se sont aggravées. Actuellement, il est difficile de parler d'une redynamisation ou de redonner vie à l'Union du Maghreb dans le contexte que nous connaissons tous», avait précisé le ministre des Affaires étrangères lors d'un point de presse. Pour rappel, l'Algérie avait ignoré l'appel du roi Mohammed VI, du 6 novembre 2018, à réactiver l'Union maghrébine. Ses médias avaient tiré à boulets rouges sur l'actuel secrétaire général de l'UMA, le Tunisien, Taïeb Baccouche, parce qu'il avait affirmé, en septembre 2022, qu'une «réconciliation» entre le Maroc et l'Algérie est essentielle pour relancer la construction maghrébine. Les deux sorties d'Ahmed Attaf sur le Maroc et l'UMA interviennent alors que les relations de l'Algérie avec son entourage sahélien, notamment le Mali et le Niger, sont tendues. L'Algérie avait énormément investi dans cet entourage comme alternative aux relations gelées avec le royaume et la paralysie de l'UMA.