Bien que le président du gouvernement espagnol par intérim Pedro Sánchez ait repris en grande partie son discours de 2022 à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies sur le dossier du Sahara, déclarant le soutien de son pays à une solution politique concertée, le Polisario et l'Algérie se sont empressés de plébisciter un soi-disant changement de position quant à la propositioin marocaine d'autonomie. Le Front Polisario et les médias proches du pouvoir en Algérie ont fait une lecture erronée de l'allocution du président du gouvernement espagnol par intérim Pedro Sánchez, lors de la 78e Assemblée générale des Nations unies, à New York. Ils y voient ainsi un rétropédalage sur le soutien de la Moncloa concernant l'option d'autonomie dans le Sahara occidental, telle prônée par le Maroc. Dans sa prise de parole à la tribune de l'ONU, Pedro Sánchez a évoqué plusieurs sujets, notamment le maintien de la paix à travers le monde, ainsi que l'appui espagnol aux efforts des Nations unies dans ce sens. En ce qui concerne le Sahara occidental, il a souligné que «l'Espagne soutient la recherche d'une solution politique mutuellement acceptable pour les deux parties, dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité». Le représentant du front séparatiste en Suisse, auprès des Nations unies et des organisations internationales à Genève, Oubi Bachir, n'a pas tardé à publier un extrait du discours en rapport avec le Sahara, en le joignant avec un commentaire sur les propos de Sánchez «lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies», soutenant «une solution politiquement acceptable pour les deux parties, dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité». El presidente del gobieeno de #España @sanchezcastejon en la 78 sesión de la #UNGA: En lo relativo al #Sahara_Occidental, #España favorece una solución política mutuamente aceptable, en el marco de la Carta de las #Naciones_Unidas y de las resoluciones del consejo de seguridad. pic.twitter.com/S17yTiSRvM — Oubi Bachir (@oubibachir) September 21, 2023 Fidèle au Front Polisario, le site Ecsaharaui a commenté le discours, alléguant qu'«il convient de noter que toutes les résolutions des Nations unies appellent au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination comme axe central pour résoudre le conflit». La même source avance que Pedro Sánchez aurait été «invité par l'ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, à annuler son discours devant l'Assemblée générale». A leur tour, les médias algériens ont salué le discours du président de l'exécutif espagnol, considérant cette allocution comme l'expression d'un rétropédalage sur l'appui à la proposition d'autonomie des provinces du sud, telle que présentée par Rabat. Opération désinformation du côté d'Alger et du Polisario Pour sa part, le journal Echorouk a titré : «L'Espagne soutient le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Selon le site d'information proche du sérail à Alger, Madrid serait revenue à sa position sur «ce conflit qui dure depuis 47 ans» telle qu'exprimée avant que Sánchez ne la change en mars 2022, à travers son «discours lors d'une réunion de haut niveau avec le Maroc, où il a appelé à éviter d'aller sur les questions liées à la souveraineté». Pour le média, ces propos seraient considérés comme «un parti pris en faveur de l'option marocaine de la question du Sahara occidental». Le Polisario et les médias algériens ont salué le discours de Sánchez, même si celui-ci n'indique aucun changement de position de Madrid sur le dossier. Le chef de l'exécutif par intérim a prononcé exactement la même allocution, l'année dernière à la même tribune. «L'Espagne soutient une solution politique mutuellement acceptable dans le cadre de la Charte des Nations unies et des résolutions du Conseil de sécurité», avait-t-il indiqué, en 2022. Contrairement aux fausses interprétations du Polisario et de l'Algérie, Pedro Sánchez, avant même de déclarer son soutien à la proposition d'autonomie (14 mars 2022), a ignoré «le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental» et «l'organisation d'un référendum» dans le Sahara, dans ses discours à l'Assemblée générale de l'ONU en 2019, 2020 et 2021. Il convient de rappeler que les relations diplomatiques entre l'Algérie et l'Espagne sont marquées par une rupture nette, depuis mars 2022. Alger conditionne le rétablissement de ses liens avec Madrid au retrait du soutien de la Moncloa à la proposition marocaine d'autonomie sur le Sahara. Article modifié le 22/09/2023 à 17h41