Le ministre français de la Justice a estimé, dimanche, que les récents propos de l'écrivain Michel Houellebecq sur les musulmans «génèrent la haine». Sur BFMTV, Eric Dupond-Moretti a qualifié d'«insupportable» le fait de «dire que les musulmans ne sont pas des Français comme les autres». «Dire qu'ils sont des voleurs… Tout ça génère la haine, c'est contraire à toutes les valeurs qui sont les miennes», a-t-il affirmé, en référence aux récents propos parus dans une interview de la revue Front populaire. Dans cet entretien avec Michel Onfray, l'écrivain a estimé que les musulmans de France constitueraient une menace pour la sécurité des autres Français. «Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n'est pas que les musulmans s'assimilent, mais qu'ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu'ils s'en aillent», avait déclaré Houellebecq, tout en prédisant des «Bataclan à l'envers». Pour Eric Dupond-Moretti, «on a banalisé ce type de propos». «Il y a 15 ans, on serait tous monté en première ligne pour les dénoncer. On s'est habitué à ça. C'est ce qu'Hannah Arendt appelait la banalité du mal», a déclaré le ministre de la Justice. L'absence de réactions politiques face à ces propos a précédemment provoqué l'ire du recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, qui a ensuite suspendu sa plainte après que Houellebecq a promis de revoir les passages incriminés. Pour sa part, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a maintenu sa plainte. Dans une nouvelle version de ses propos, qui devraient figurer dans un prochain livre, Houellebecq a atténué ses déclarations sur les musulmans, mais tout en continuant à prôner une certaine xénophobie. Ce que les Français «demandent, et même ce qu'ils exigent, c'est que les criminels étrangers soient expulsés, et en général que la justice soit plus sévère avec les petits délinquants», a-t-il écrit.