La Grande mosquée de Paris a décidé de porter plainte contre l'écrivain français Michel Houellebecq, pour des propos considérés comme «une provocation à la haine contre les musulmans». Ce mercredi 28 décembre, le recteur Chems-eddine Hafiz a confirmé avoir saisi la justice. Il a pointé les propos de l'auteur, dans une récente interview où ce dernier a affirmé que le souhait de la population française «de souche» ne serait pas que les musulmans «s'assimilent», mais qu'ils «cessent de les voler et de les agresser, ou qu'ils s'en aillent». «Dans un Etat de droit, le recours au juge est le moyen normal de débattre en citoyen des violations de la loi, et c'est ce droit qu'exerce la Grande Mosquée de Paris, en s'appuyant sur les jurisprudences rendues pour toutes les religions», a indiqué pour sa part Chems-eddine Hafiz. L'interview en question est parue dans le dernier numéro de la revue Front Populaire, sous forme d'une longue conversation entre Michel Onfray et Michel Houellebecq. Ce dernier y déclare : «Des gens s'arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l'envers.» Pour le recteur, «ces phrases lapidaires» sont inacceptables et «d'une brutalité sidérante». «Elles ne visent pas à éclairer un quelconque débat public, mais à attiser les discours discriminatoires, et les actes. Il légitime comme un fait acquis une opposition essentielle entre «les musulmans» et «les Français de souche», pour dire que les musulmans ne seront jamais de vrais Français, et qu'il faut s'en méfier au plus haut point, car ils veulent détruire l'unité du pays», a-t-il dénoncé. Et de rappeler l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme au sujet de Eric Zemmour, le 20 décembre, pour souligner que «la lutte contre toutes les discriminations est un devoir, car elles entretiennent les stéréotypes négatifs et destructeurs de la vie sociale». «Dans une société démocratique, la loi permet la critique des religions, et elle accepte totalement ce débat, dans lequel chacun peut apporter la contradiction», écrit Chems-eddine Hafiz. Dans le cas de Houellebecq, «il s'agit d'un appel au rejet et à l'exclusion de la composante musulmane dans son ensemble».