Grande mosquée de Paris montre des désaccords avec la ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa, sur sa vision de l'application de la Charte des principes de l'islam de France. Le recteur de la mosquée, Chems-eddine Hafiz, a exprimé ses réserves sur le fait que les imams reconnaissent dans leurs prêches «le droit des personnes de même sexe à se marier». Il a ainsi déploré les propos tenus par la ministre déléguée, jeudi sur LCI, qualifiant ses déclarations de «violation du droit» et de bafouement des «réalités religieuses». Pour Schiappa, «cette charte est engageante» pour questionner la lutte contre l'homophobie. «Est-ce que ça veut dire que dans les prêches, on considérera que deux hommes ont le droit de s'aimer, de se marier, comme deux femmes ont le droit de s'aimer et de se marier, comme le disent les lois de la République française ? C'est cela que dit cette charte», a-t-elle défendu. Chems-eddine Hafiz estime que ces déclarations sont «incompréhensibles et inacceptables», bien qu'il souligne que la charte défend «le principe d'égalité entre tous les êtres humains». «Nous avons clairement dit que cela impliquait le refus de toute discrimination liée à l'homosexualité», a-t-il indiqué dans un communiqué. «Cette charte est notre affaire et je dénie à un ministre la capacité de dicter les prêches des imams. Que resterait-il de la liberté de religion ? Que resterait-il de la laïcité ?», a tancé le recteur, ajoutant qu'il existe «une grande différence entre refuser toute discrimination notamment pour un motif d'orientation sexuelle et adhérer au mariage homosexuel». Hafiz rappelle également que «comme les autres religions monothéistes, l'islam ne reconnaît le mariage qu'entre les personnes de sexe différent» et va jusqu'à considérer qu'«aucune autorité publique ou politique ne peut dicter une doctrine religieuse». La position du recteur de la mosquée de Paris a connu l'adhésion également la Confédération islamique Milli Gorus (CIMG), qui fait partie des instances de culte musulman qui n'ont pas signé la charte. Dans un communiqué, elle a pointé «l'ingérence des politiques dans le religieux», qui traduit selon elle l'importance de «clarifier des points» dans ladite charte.