Le Centre Mada pour les études et recherches en sciences humaines a consacré sa troisième rencontre dans le cadre de son nouveau cycle de conférences à la notion de liberté dans les contextes arabe et occidental. Des chercheurs en philosophie politique, en sciences sociales et en histoire ont échangé sur les différentes conceptions de la liberté et leur impact sur l'État moderne. Le Centre Mada pour les études et recherches en sciences humaines a organisé, vendredi dernier, la troisième rencontre de son nouveau cycle de conférences, consacrée aux concepts liés à la transition démocratique. Axée autour du thème « Modernité politique : concepts et fondements », cette rencontre a été une occasion pour aborder la notion de liberté, en réunissant des chercheurs spécialisés en philosophie politique, sciences sociales et histoire. L'événement a été inauguré par Abdelkrim Bahir, chercheur en philosophie politique et philosophie du droit, ainsi que membre du Centre Mada. Il a introduit les participants au cadre du débat en présentant les interventions et les principales problématiques soulevées autour du concept de liberté dans les contextes occidental et arabe. Dans une première intervention, Abderrahim Rejrahi, spécialiste de philosophie politique, a exploré la notion de liberté dans la pensée marocaine contemporaine, en s'appuyant sur les analyses d'Abdellah Laroui et Mohammed Aziz Lahbabi. Il a mis en lumière leur approche spécifique, contrastant avec les perspectives libérales occidentales. Laroui considère la liberté à la fois comme une réalité et un slogan, tandis que Lahbabi développe une vision intégrant les dimensions individuelle et collective, qu'il qualifie de « personnalisme réaliste ». De son côté, Mustapha Inchaallah a abordé la relation entre liberté et déterminisme dans les sciences sociales. Il a analysé l'impact des théories sociologiques classiques et contemporaines sur la conception de la volonté individuelle, en mettant en avant les travaux d'Auguste Comte, Émile Durkheim, Max Weber et Pierre Bourdieu. Il a souligné la prééminence des approches déterministes dans la pensée sociologique, malgré les tentatives visant à réhabiliter le rôle des acteurs sociaux. Quant au chercheur Abdelouahed Benadra, il a examiné l'articulation entre liberté et État, s'interrogeant sur la compatibilité de la liberté avec le droit dans le cadre de l'État moderne. Il a analysé comment certains discours religieux contemporains ont contribué à dissocier ces deux notions, ce qui, selon lui, affaiblit l'État et entrave le développement d'un sentiment de responsabilité collective. Il a plaidé pour une refonte de l'éducation civique afin de renforcer le lien entre l'individu et l'État. La rencontre a donné lieu à un débat interactif, permettant aux participants d'échanger sur les dimensions philosophiques, politiques et sociales de la liberté et son impact sur la construction de l'État moderne. En clôture, les intervenants ont souligné la nécessité de poursuivre la réflexion sur la liberté en lien avec l'État, le droit et la société, afin de développer une approche critique favorisant la modernité politique dans le monde arabe.