Le Maroc a représenté 33 % des exportations russes de pulpe de betterave en janvier, soit près de 73 000 tonnes, confirmant son rôle de premier importateur de ce sous-produit agro-industriel, selon les données du centre fédéral Agroexport. Durant ce mois, la Russie a expédié 222 000 tonnes de pulpe de betterave, un volume en hausse de 60 % par rapport à l'année précédente. Derrière le Maroc, la Lettonie (23 %) et la Chine (17 %) figurent parmi les principaux acheteurs. Toutefois, une grande partie des cargaisons pourrait être destinée à d'autres marchés, l'Union européenne ayant imposé des restrictions et des droits de douane élevés sur ces produits d'origine russe. L'essor des exportations vers la Chine s'explique par l'amélioration des flux logistiques : les conteneurs, après avoir acheminé diverses marchandises en Russie, repartent vers l'Empire du Milieu chargés de pulpe de betterave, bénéficiant d'un tarif ferroviaire subventionné. Malgré cette trajectoire commerciale, la Russie peine à stimuler la consommation intérieure de cette ressource, pourtant abondante. Avec une production annuelle estimée à 1,75 million de tonnes, le pays demeure le premier exportateur mondial de pulpe de betterave, faute d'une demande suffisante sur son propre territoire. Selon l'expert agronomique Evgueni Ivanov, le marché national pourrait absorber jusqu'à 20 millions de tonnes si son usage était pleinement exploité dans l'alimentation animale. Or, seuls quelques centaines de milliers de tonnes sont consommés localement, un retard attribué à l'inertie des producteurs d'aliments pour bétail et à des formulations d'élevage encore peu adaptées. Si le Maroc et la Chine assurent aujourd'hui un débouché à ce produit bon marché, son faible prix sur le marché mondial reste un défi pour les exportateurs russes. «Alors qu'un conteneur chinois transporte des marchandises pour un million de dollars, nous y expédions de la pulpe de betterave pour mille dollars», souligne M. Ivanov. Par ailleurs, la nature hygroscopique de ce produit rend son stockage complexe, limitant sa manutention aux terminaux portuaires les plus isolés. Face à ces contraintes, l'avenir du secteur dépendra autant de la structuration du marché intérieur que du développement d'une logistique d'exportation plus efficace, concluent les spécialistes.