Les exportations de produits agricoles russes à destination du Maroc ont connu une expansion remarquable en 2024, atteignant environ 280 millions de dollars, soit un triplement en valeur par rapport à l'année précédente selon les données du centre fédéral Agroexport. Cette progression, d'une ampleur inédite, repose en grande partie sur l'essor des expéditions de blé, dont la valeur a été multipliée par 3,4 sur la période étudiée, traduisant une augmentation structurelle des flux céréaliers entre les deux pays. Les estimations des analystes indiquent que la Russie a expédié plus d'un million de tonnes de blé vers le Maroc en 2024, un volume qui témoigne d'une consolidation progressive des approvisionnements russes sur un marché marocain marqué par une volatilité accrue des rendements domestiques et une dépendance conjoncturelle aux importations. Dans ce contexte, la Russie s'est imposée comme un acteur majeur du dispositif d'approvisionnement céréalier du royaume, bénéficiant à la fois d'une compétitivité accrue sur le plan tarifaire et d'une adaptation logistique aux exigences portuaires marocaines. Parallèlement à cet afflux de blé, la Russie a également renoué avec la fourniture de tourteaux vers le Maroc, un commerce interrompu depuis 2015. Cette réactivation des échanges s'inscrit dans une dynamique plus large de repositionnement des produits agroindustriels russes sur le marché marocain, où les besoins en matières premières destinées à l'alimentation animale restent significatifs. De surcroît, après près de cinq ans d'interruption, le Maroc a repris ses importations d'huile de tournesol en provenance de Russie, une évolution qui reflète l'ajustement progressif des schémas d'approvisionnement face aux fluctuations des sources traditionnelles. Selon les projections d'Agroexport, le potentiel des exportations agricoles russes vers le Maroc pourrait atteindre environ 350 millions de dollars, un seuil qui, s'il venait à être franchi, confirmerait l'ascension de la Russie dans le paysage des fournisseurs stratégiques du royaume dans un contexte de transformations profondes des flux commerciaux et de redéfinition des équilibres céréaliers à l'échelle mondiale.