Il a suffi de quelques semaines de pluie bienfaitrice pour transformer l'humeur générale dans la région Fès-Meknès, comme partout ailleurs dans le monde rural. Après un démarrage de saison sous tension, marqué par un inquiétant manque d'eau, la nature a enfin offert son soutien aux agriculteurs. Avec un cumul pluviométrique moyen de 332,5 mm, les cultures ont repris vie et les parcours se sont regarnis. Vendredi 21 mars 2025, le ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts s'est rendu dans les provinces de Meknès, El Hajeb et Ifrane. Ahmed El Bouari a constaté de visu les effets de ces précipitations. Sur le terrain, les signes sont réconfortants : 40 % des superficies céréalières sont en bon état, et 49 % en état moyen. Une nette amélioration qui laisse entrevoir des rendements bien supérieurs aux prévisions initiales. La région compte près de 650 000 hectares de céréales d'automne, dont plus de 11 000 hectares irrigués. Le blé tendre y domine (48 %), suivi du blé dur (26 %) et de l'orge. La culture des oléagineux — 1 500 hectares répartis entre colza et tournesol — bénéficie également du retour des pluies, tout comme l'arboriculture. L'olivier, qui occupe 360 000 hectares dans la région (soit 77 % de la superficie arboricole), pourrait enregistrer une production encourageante cette année. Quant aux cultures maraîchères, elles tirent aussi leur épingle du jeu. Fès-Meknès fournit près de la moitié de la production nationale d'oignon et 20 % de celle de la pomme de terre. Un rôle stratégique qui renforce l'importance de la région dans la sécurité alimentaire du pays. Le cheptel bêle de reconnaissance Se rendant à la commune territoriale de Tigrigra, dans la province d'Ifrane, le ministre a visité un périmètre pastoral de 2 000 hectares exploité par une association de 90 éleveurs. Ensemble, ils gèrent un cheptel de quelque 15 500 têtes, principalement ovines et caprines. L'échange avec les éleveurs fut l'occasion d'évaluer l'impact réel des dernières pluies sur l'élevage. Les parcours sylvopastoraux et pastoraux, qui couvrent 1,8 million d'hectares à l'échelle régionale, présentent aujourd'hui une nette amélioration de leur couvert végétal. Ce renouveau contribue à l'augmentation de la disponibilité en ressources fourragères, élément vital pour l'élevage extensif. Les races Timahdite et Beni Guil, emblématiques du territoire, retrouvent un environnement propice à leur développement. Cette embellie arrive à point nommé. Après une longue période d'inquiétude résultant de plus de six ans de sécheresse d'affilée, le secteur de l'élevage, pilier de l'économie rurale, retrouve ses couleurs. Les éleveurs, en quête de stabilité, voient dans ces signes un retour à une certaine normalité, voire l'opportunité d'un rebond. La méthode El Bouari Tout au long de sa visite, Ahmed El Bouari était à l'écoute des agriculteurs et des éleveurs. Son message est clair : l'Etat reste aux côtés des forces vives du monde rural. Lors d'une réunion avec les membres de la chambre régionale de l'agriculture, il a réitéré son engagement à renforcer l'accompagnement des professionnels du secteur. Parmi les priorités évoquées : l'extension des systèmes d'irrigation modernes, la promotion de solutions innovantes adaptées au climat et le développement de projets structurants pour une agriculture plus résiliente. Dans un contexte de dérèglement climatique persistant, l'adoption de technologies intelligentes n'est plus un luxe, mais une nécessité. Le ministre a insisté sur une approche proactive : anticiper plutôt que subir. Car au-delà des précipitations conjoncturelles, c'est bien une transformation en profondeur du modèle agricole marocain qui est en cours. Une transformation fondée sur l'innovation, la durabilité et l'écoute du terrain. À ce titre, plusieurs projets pilotes intégrant des solutions climato-intelligentes sont en cours de déploiement, associant coopératives locales, centres de recherche et start-ups agricoles. Un écosystème en gestation, encore fragile, mais porteur d'avenir.