La série animée « Basmat Tourath », récemment lancée par l'historien Nabil Mouline en collaboration avec le créateur de contenu Mustapha El Fekkak, est née d'une prise de conscience quant à l'importance de s'approprier et de promouvoir les récits historiques marocains, non seulement en tant qu'héritage culturel, mais aussi en tant que pilier essentiel à la constitution de la conscience collective de soi, a expliqué l'historien dans un entretien avec l'agence MAP. L'identité ne se construit pas uniquement sur le présent, mais, fait-il valoir, se nourrit d'une appropriation du passé et d'une compréhension renouvelée de la réalité. Ainsi, l'histoire n'est pas seulement un récit d'événements, mais un outil permettant de prendre conscience de soi, d'interagir avec son environnement et de résister à toute tentative d'effacement ou de reconfiguration extrinsèque. Sur le choix de l'animation en tant que support, Mouline souligne que ce dernier est le moyen idéal pour transmettre sa vision à un public plus large, en particulier aux jeunes générations qui sont plus que jamais de grands adeptes du contenu audiovisuel. Contrairement aux supports traditionnels qui peuvent sembler exclusifs à certains groupes, l'animation offre la possibilité de simplifier le récit sans en compromettre l'exactitude et de reconstituer des scènes historiques d'une manière créative, à même de garantir une expérience plus immersive et percutante au spectateur. Cette forme offre également une plus grande liberté dans le traitement artistique, notamment en faisant revivre des lieux, des personnages et des événements, tout en se détachant des contraintes liées à la production traditionnelle, poursuit Nabil Mouline, notant que l'équilibre entre la rigueur académique et l'attrait narratif a été l'un des plus grands défis de ce projet. Diversité historique La série associe, en effet, une recherche historique approfondie à une conceptualisation artistique innovante pour simplifier l'information et utilise des effets sonores et visuels sans compromettre l'essence scientifique du projet, explique-t-il, en rappelant le « rôle crucial » du créateur de contenu Mustapha El Fekkak, dont l'expertise a permis de transformer la matière historique en un récit audiovisuel qui touche la conscience du téléspectateur et l'incite à interagir. Concernant les principaux thèmes abordés par « Basmat Tourath », Mouline relève que son projet focalise sur des sujets qui reflètent le caractère profond de l'identité marocaine, sa richesse et sa diversité historique, ainsi que ses prolongements géographiques et civilisationnels. Le premier épisode a été axé sur le couscous, mets incontournable de l'art culinaire marocain. Quant au deuxième épisode, il a été dédié à Tinmel, berceau du plus grand empire qu'a connu le Maroc et laboratoire artistique où l'architecture marocaine a pris forme. Les prochains épisodes seront consacrés à des personnalités et des événements qui ont façonné la personnalité marocaine. « Aux niveaux national et international, nous aspirons à sensibiliser au patrimoine, en tant qu'élément essentiel de la mémoire collective, ainsi qu'à motiver les nouvelles générations à interagir avec lui », précise Nabil Mouline. En présentant de manière moderne les différentes composantes du patrimoine marocain, ce travail aspire à renforcer l'image culturelle du royaume et consolider son rôle sur la scène internationale, en tant qu'acteur civilisationnel enraciné dans son histoire, relevant ainsi l'importance capitale que revêt le patrimoine en tant que vecteur de soft power.