Des responsables russes et américains se sont retrouvés, lundi, en Arabie saoudite pour des négociations, qualifiées d'emblée de "difficiles" par le Kremlin, visant à instaurer une trêve partielle en Ukraine après plus de trois ans de guerre. Donald Trump, dont le rapprochement avec Vladimir Poutine a rebattu les cartes du conflit, affirme vouloir mettre fin aux hostilités et a dépêché ses émissaires à Ryad pour des pourparlers avec les deux parties. Les pourparlers entre les émissaires russes et américains ont commencé lundi matin à l'hôtel Ritz-Carlton à Ryad, a annoncé l'agence Tass, après des discussions entre Ukrainiens et Américains qui se sont poursuivies jusque tard dans la nuit. "La discussion a été productive et ciblée. Nous avons abordé des points clés, notamment l'énergie", a rapporté le ministre de la Défense, Roustem Oumerov, à la tête de la délégation ukrainienne, ajoutant que l'Ukraine s'efforçait de concrétiser son objectif d'une "paix juste et durable". Washington et Kiev poussent pour, au minimum, un arrêt provisoire des frappes sur les sites énergétiques, largement endommagés du côté ukrainien. L'Ukraine se dit "prête" à un cessez-le-feu "général" et sans conditions. Mais Vladimir Poutine, dont l'armée avance sur le terrain malgré de lourdes pertes, semble jouer la montre, tant que ses hommes n'ont pas expulsé les troupes ukrainiennes de la région russe frontalière de Koursk. A ce stade, le Kremlin assure s'être uniquement mis d'accord avec Washington sur un moratoire concernant les bombardements des infrastructures énergétiques. "Il s'agit d'un sujet très complexe et il y a beaucoup à faire", a d'ores et déjà tempéré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, estimant que les négociations seraient "difficiles". "Nous n'en sommes qu'au début", a-t-il dit.
Optimisme américain L'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, s'est malgré tout montré optimiste, disant s'attendre à de "vrais progrès", "particulièrement en ce qui concerne un cessez-le-feu en mer Noire sur les navires entre les deux pays". "Et, à partir de cela, on se dirigera naturellement vers un cessez-le-feu total", a dit l'émissaire américain. Malgré l'accélération des efforts en vue de rapprocher les vues des belligérants sur les moyens de parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, les combats se poursuivent avec des frappes meurtrières en Ukraine et en Russie. Les autorités ukrainiennes ont fait état dans la nuit de dimanche à lundi de frappes touchant les régions de Kiev, Kharkiv (est) et Zaporijjia (est), faisant plusieurs blessés, au lendemain de bombardements meurtriers sur la capitale. L'armée ukrainienne a annoncé dimanche avoir repris le petit village de Nadia, dans la région orientale de Lougansk, un succès rare pour les militaires ukrainiens dans cette zone quasi entièrement contrôlée par la Russie. Les forces russes ont, elles, déclaré s'être emparées de la localité de Sribné, également dans l'est de l'Ukraine. Symbole des divergences à combler pour arriver à une trêve, la délégation ukrainienne est emmenée par le ministre de la Défense, tandis que la délégation russe est formée d'un sénateur ex-diplomate de carrière Grigori Karassine et de Sergueï Besseda, un cadre du FSB, les services de sécurité. Autre différence notable: Dmitri Peskov a affirmé que "le principal" sujet de discussion avec les Américains serait "la reprise" de l'application de l'accord céréalier en mer Noire, omettant de mentionner un éventuel engagement concernant la suspension des combats, limité ou sans conditions. Les Européens sont, eux, marginalisés dans ces discussions, malgré l'envie affichée notamment par le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron de faire entendre la voix du Vieux Continent. Un sommet est prévu jeudi à Paris, en présence de Volodymyr Zelensky et des alliés de Kiev. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé dimanche à "pousser" son homologue russe Vladimir Poutine à mettre fin à l'invasion en cours depuis plus de trois ans de l'Ukraine, à la veille de négociations russo-américaines en Arabie saoudite sur un cessez-le-feu partiel. Une délégation ukrainienne a de son côté rencontré des envoyés américains à Ryad dans la soirée. "Quels que soient nos échanges avec nos partenaires, nous devons pousser Poutine à donner un véritable ordre pour arrêter les frappes : celui qui a déclenché cette guerre doit la finir", a déclaré M. Zelensky dimanche soir sur les réseaux sociaux. "Il est clair pour tout le monde que la Russie est la seule à faire durer cette guerre", a-t-il insisté. "Le 11 mars, une proposition de cessez-le-feu sans conditions a été faite et de telles attaques auraient déjà cessé. Mais c'est la Russie qui perpétue tout cela. Et chaque nuit, chaque jour, elle effectue les frappes les plus cyniques qui soient", a encore dit le président ukrainien. "Sans pressions sur la Russie, ils continueront à Moscou à mépriser la véritable diplomatie et à détruire des vies", a-t-il martelé. "Nous avons commencé la réunion avec l'équipe américaine à Ryad", a de son côté annoncé dimanche le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, à la tête de la délégation de son pays. Selon lui, "l'ordre du jour comprend des propositions visant à protéger les installations énergétiques et essentielles". Lundi, des responsables russes doivent rencontrer des négociateurs américains pour des discussions séparées.