Le président des Îles Canaries, Fernando Clavijo, a réaffirmé son engagement en faveur de relations stratégiques avec le Maroc. Lors de la présentation du plan Afrique du gouvernement régional, il a zappé le Polisario et le dossier du Sahara. Entre tensions internes et enjeux diplomatiques, Clavijo joue la carte du pragmatisme. Le président de l'exécutif des Îles Canaries plaide pour «des relations stratégiques avec le Maroc», rapporte le site officiel du gouvernement régional. Cette position a été défendue par Fernando Clavijo, le lundi 24 mars, lors de la présentation du plan Afrique élaboré par le gouvernement autonome de l'archipel. Cette approche contraste avec les récents discours de certains hauts responsables de son propre parti, la Coalition canarienne, qui ont exprimé des inquiétudes concernant la «menace» que représenterait le royaume pour la sécurité des Îles Canaries. Ces accusations ont notamment été formulées par le porte-parole des députés de la Coalition canarienne au Parlement régional, en réaction à l'accord pétrolier dans les eaux du Sahara entre Rabat et une société israélienne. La députée du CC, Cristina Valido, a également exprimé des préoccupations similaires à la Chambre basse du Parlement espagnol suite à l'annonce de projets par Elon Musk au Sahara occidental. Clavijo a déjà suscité l'ire du Polisario Bien que Clavijo ait appelé à de bonnes relations avec le Maroc et les pays voisins de l'archipel, il a évité de mentionner le Sahara occidental ou le Polisario dans la présentation de sa stratégie pour l'Afrique. Dans son discours, il s'est limité à lister les Etats africains géographiquement proches des Îles, tels que la Mauritanie, le Sénégal ou la Gambie, reconnus par les Nations unies. Cette omission pourrait provoquer la colère du Polisario et de ses nombreux alliés dans l'archipel. Pour rappel, Fernando Clavijo avait annoncé, après ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, le 8 octobre 2024 à Rabat, son adhésion totale à la position de soutien au plan d'autonomie pour le Sahara, exprimée par Pedro Sanchez en mars 2022 dans une lettre adressée au roi Mohammed VI. «Le gouvernement des Îles Canaries assume pleinement la politique du gouvernement espagnol, car il ne pourrait en être autrement. Cela (le soutien, ndlr) a créé un climat de confiance et de collaboration que nous voulons renforcer, comme nous l'avons convenu aujourd'hui avec le ministre», avait-il assuré dans des déclarations à la presse. Cette position avait alors été critiquée par le Front, qui l'avait qualifiée de «contraire au droit international et à la jurisprudence de la Cour de Justice de l'Union européenne». En plus de l'appel de Clavijo à des relations stratégiques avec le royaume, la présentation du plan Afrique des Îles Canaries a inclus la diffusion «d'une vidéo de Houda Benghazi, vice-présidente de la Cour d'arbitrage hispano-marocaine et directrice générale de l'Institut marocain des entreprises familiales», informe le site du gouvernement de l'archipel. La Coalition canarienne préside, depuis le 14 juillet 2023, l'exécutif autonome des Îles Canaries, avec le soutien des députés du Parti populaire.