L'Association du Grand Rif pour les Droits de l'Homme a vivement dénoncé la persistance de la fermeture des frontières des enclaves espagnoles de Sebta et Melilia aux habitants du nord du Maroc, fustigeant la suppression de ce qu'elle qualifie de « privilège historique ». Cette critique vise l'imposition du visa Schengen aux citoyens de la région, un dispositif perçu comme une entrave injustifiée à leur liberté de circulation. Dans ce contexte, Said Charmati, président de l'Association du Grand Rif pour les Droits de l'Homme, a plaidé pour l'abolition de l'obligation de visa Schengen et a proposé, en concertation avec d'autres militants de Tétouan et Nador, d'intenter une action en justice contre le Maroc et l'Espagne devant la Cour européenne. Charmati, militant des droits de l'homme établi à Melilia, a lancé une campagne sur les réseaux sociaux exhortant à recourir à la justice européenne afin de « rétablir le droit à la libre circulation » des habitants de Tétouan et Nador vers Sebta et Melilia, sans obligation de visa. Il estime qu'il est impératif de rouvrir les frontières aux habitants du nord du Maroc afin de leur permettre d'accéder aux deux villes « dans le respect des conditions historiques et de leur droit légitime à la libre circulation ». Il rappelle que ce droit est garanti par les accords bilatéraux entre le Maroc et l'Espagne, ainsi que par les engagements internationaux en matière de respect des droits fondamentaux des citoyens. Le militant souligne que la fermeture prolongée des frontières a instauré « un blocus économique et une injustice sociale » pour des milliers de familles qui dépendaient de la mobilité entre les deux territoires, que ce soit pour le commerce, le travail ou les liens familiaux. Il dénonce une situation qui, selon lui, contrevient aux principes fondamentaux des droits de l'homme et aux accords bilatéraux entre les deux pays. Charmati considère que le maintien de cette fermeture « sans justification légale claire » constitue une atteinte aux libertés des citoyens et marginalise les villes du nord en les privant de leur droit au développement et à la prospérité. Dans un appel adressé aux habitants de Nador et Tétouan, il les invite à se mobiliser en faveur de cette initiative et à exprimer leur opinion sur l'opportunité de déposer un recours devant la Cour européenne. Ce recours s'appuierait sur les législations européennes, espagnoles et marocaines, ainsi que sur les accords internationaux garantissant le droit à la libre circulation et à une vie digne dans les zones frontalières ou les régions touchées par des conflits politiques. Le militant affirme que la situation actuelle ne bénéficie qu'à « une minorité restreinte », tandis que la grande majorité des habitants de Tétouan, Sebta, Nador et Melilia en subissent les conséquences. Il accuse certains individus d'avoir tiré profit de cette situation pour accumuler des fortunes considérables, sans pour autant contribuer à atténuer les souffrances des populations locales. Il réaffirme sa détermination à « saisir la justice européenne pour obtenir une décision contraignant l'Espagne à respecter la législation et à supprimer l'exigence du visa Schengen pour les habitants de Tétouan et Nador ». Selon lui, cette démarche constitue « un acte de conscience et une avancée civilisée en faveur des droits de l'homme ». À ce titre, il insiste sur le fait que ce recours représente « l'unique moyen de restaurer ce droit légitime et de contrer les décisions arbitraires qui profitent à une élite au détriment du bien-être collectif ». « Cette affaire ne se résume pas à une simple question de frontières, c'est une question de dignité, de droits et de justice sociale », souligne Charmati, interpellant les citoyens : « Êtes-vous prêts à vous engager dans ce combat juridique pacifique et légitime, ou allez-vous accepter de vous soumettre à cette situation humiliante ? ». Pour rappel, le régime d'exemption de visa permettait autrefois aux Marocains résidant à Tétouan et Nador d'entrer librement à Sebta et Melilia pour y travailler légalement ou s'y rendre en tant que touristes, un avantage dont bénéficiaient également les habitants des deux enclaves espagnoles. Toutefois, la décision du Maroc de fermer ses frontières en mars 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, a entraîné une crise de la main-d'œuvre dans ces territoires, mettant ainsi en suspens ce système d'accès facilité.