L'Espagne et le Maroc qui ne semblaient pas s'accorder sur l'ouverture des frontières de Sebta et de Melilla, en dépit de la volonté royale clairement exprimée lors du discours du 68e anniversaire de la révolution du roi et du peuple et de celle de Pedro Sanchez de rétablir les relations diplomatiques ont, si l'on en croit El Pais, accordé leur violon et même mis une date pour ce faire. Pour l'heure, ni l'Espagne ni le Maroc n'ont annoncé une date officielle de réouverture de la frontière, mais les deux pays semblent afficher un intérêt pour le sujet et il se murmure que les frontières pourraient être rouvertes courant premier trimestre prochain, le 1er mars soit à une vingtaine de jours avant l'entrée du printemps un peu comme pour annoncer une renaissance. Sujet sensible que ces frontières fermées depuis mars 2020, et qui selon nos deux médias verront les postes frontaliers (Beni Ansar à Melilla et Tarajal à Sebta) ouvrir en mars 2022. Toujours selon nos diseurs de « bonnes nouvelles » la date d'ouverture des postes frontaliers aurait été proposée par le Maroc, à un moment où le Royaume a laissé entendre qu'aucune décision espagnole n'avait été rendue à cet égard. Mais qu'on se le dise le passage vers les enclaves ne concerne dans un premier temps que les habitants de la ville de Nador pour le préside de Melilla et ceux de Tétouan pour Sebta. Le passage se fera selon des périodes et des horaires spécifiques pour chaque catégorie, la priorité étant donnée aux étudiants et aux travailleurs pour entrer dans les enclaves. Il n'est pas dit dans l'histoire, si les entrées se feront ou pas selon la même procédure d'avant la fermeture à savoir une entrée sans visa pour les citoyens des deux villes limitrophes des enclaves, car à contrario, ce serait conditionner le retour à la normalité d'avant la crise sanitaire causée par Dame Covid. Toujours est-il qu'il n'y a pas de fumée sans feu et en attendant la tenue d'un sommet entre les deux pays, autant d'abord le préparer. Pour en décider donc, nécessité d'inclure la question dans l'agenda des négociations. Rappelons que le gouvernement espagnol a décidé au début de ce mois de reconduire l'arrêté de la fermeture des frontières des deux présides jusqu'au 30 novembre 2021. Les autorités espagnoles n'excluent pas une nouvelle prolongation à l'issue de ce délai. Pour sa part, le Maroc, qui ne figure pas sur la liste espagnole des pays vers lesquels les voyages sont autorisés, vient fin octobre, également de repousser au 30 novembre 2021 la durée de l'état d'urgence sanitaire provoqué par la pandémie de coronavirus. Cette situation s'avère de plus en plus contraignante pour les travailleurs marocains transfrontaliers bloqués dans ces enclaves dont certains gagnent leur vie depuis 20 ans sans se voir reconnaître aucun droit. Après la fermeture de la frontière, ils n'ont pas pu quitter les enclaves occupées ou voir leurs proches depuis plus d'un an et demi, selon l'Association andalouse des droits de l'homme (Asociación Pro Derechos Humanos Andalucía – APDHA). L'ONG basée à Séville a publié sur son site un manifeste, fin octobre 2021, pour dénoncer auprès de l'Etat espagnol et des autorités locales cette absence de permis de travail et de séjour malgré leurs contributions à l'économie des présides. Le 1er novembre 2021, une cinquantaine de travailleurs marocains sont venus manifester devant la délégation du gouvernement à Sebta pour demander à quitter la ville. Selon le représentant de l'APDHA, Amin Souissi, « Sebta devient une salle d'attente pour l'immigration en provenance du nord du Maroc et ces personnes sont traitées de manière cruelle en termes de travail et de gestion administrative ». Le représentant dénonçait le fait qu'ils « se retrouvent sans aucun type de document, sans carte transfrontalière, sans droit de sécurité sociale, alors qu'ils payent des cotisations de sécurité sociale depuis des années, ainsi que leurs impôts ». Amin Souissi a en outre déclaré. « La frontière est une chose, mais les droits que ces personnes ont acquis et auxquels elles ont droit doivent être respectés », déclarait-il alors. Aujourd'hui, il indique que ce qui inquiète le plus ces Marocains n'est pas de savoir quand ils vont pouvoir quitter Sebta pour rejoindre le Maroc et voir leurs familles. Ils craignent, « qu'à leur retour, ils soient empêchés (d'entrer), car c'est là qu'ils disposent d'un travail ».