L'Association andalouse des droits de l'homme (APDHA) ou (Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía) a publié en ce matin du 8 mars 2021, (Journée internationale de la femme), un rapport critique intitulé «Porteadoras » sur la féminisation de la pauvreté à la « frontière sud » illusion faite, évidemment aux femmes porteuses qui vivotent entre les régions du nord du Maroc et les enclaves de Sebta et Melillia. L'ONG exige le respect des droits de ces femmes qui souffrent de conséquences physiques et psychologiques en raison des violences subies et regrette qu'aucune véritable alternative de travail ne leur ait pas été proposée. Les auteurs du rapport, réclament en même temps le respect des droits de ces « milliers » de "porteadoras" laissées à l'abandon et qui jusqu'à une année et demi de cela se consacraient encore au passage de marchandises des présides occupés vers les régions nord du Royaume du Maroc. L'APDHA en cherchant où et dans quelles conditions se trouvaient les femmes porteuses après la fermeture des frontières en décembre 2019 a dénoncé dans son rapport ce qu'elle appelle les cicatrices physiques et psychologiques des violences structurelles exercées à leur encontre par l'Espagne et le Maroc au fil des ans et plus particulièrement depuis qu'a été ouvert le passage du Tarajal II, qui réglait les heures, les jours, la taille et le poids des ballots. » le plus urgent a été oublié dit l'ONG, à savoir de considérer ces porteuses comme des travailleuses frontalières et de réglementer leurs droits du travail « . Selon l'organisation, des milliers de porteuses, ont été soumises depuis des années au harcèlement, aux abus, aux traitements dégradants et même parfois au harcèlement sexuel de la part des forces de l'ordre de part et d'autre de la frontière. Elles ont ressenti « l'abandon absolu » des administrations marocaines et espagnoles, qui ne leur ont fourni aucune alternative réelle de travail. « nombre d'entre elles ont dû recourir à des soins pour les personnes malades avec Covid -19 et de survivre grâce à la solidarité de leurs voisins, quand ce n'était de la charité tout simplement ». Les auteurs de ce rapport, expliquent que ces femmes ont été soumises à un « processus de stigmatisation » pour avoir un emploi socialement dévalorisé, qu'elles sont dépersonnalisées, elles sont criminalisées et elles ne sont pas considérées comme des travailleuses, ce qui a permis de légitimer les violences à leur encontre. De l'organisation, l'APDHA dénonce les administrations respectives pour ne pas avoir introduit des mesures dans leurs conditions de travail qui auraient atténué leur souffrance telles que l'utilisation obligatoire des chariots et la limitation des horaires de travail ». L'APDHA regrette qu'en dépit du fait qu'en février 2019, le Royaume du Maroc a publié un rapport dans lequel il a reconnu les violations de la frontière entre Sebta et le Maroc, le gouvernement de l'Etat espagnol ait consciemment maintenu le silence et la passivité face à l'aggravation de la situation de ces conditions. Aussi, l'ONG dénonce : « il est incroyable qu'un pays comme le nôtre, qui se prétend être champion des droits des femmes , puisse donner cette image désolante à l'opinion publique que les femmes de nationalité marocaine ne le concernent pas ». Les auteurs de ce document, rapportent que le travail de ces porteuses charrie d'énormes sommes d'argent qui profitent directement aux caisses locales des présides occupées, aux marchands de Sebta et Melilla, aux récepteurs marocains de la marchandise et au réseau de distribution de ces marchandises, sans compter les pots de vin çà et là. En 2020, il a été démontré, qu'en l'absence des femmes porteuses et en raison de la fermeture de la frontière à cause de la pandémie, combien était essentiel l'un des principaux moteurs économiques de Sebta et Castillejos, en tant qu'activité commerciale, car dit le rapport, il représente plus de 25% des revenus directs de la Sebta.Depuis 2009, plus d'une douzaine de femmes ont perdu la vie en portant des marchandises indique l'APDHA qui rappelle, aujourd'hui 8 mars, que « les porteuses, les femmes socio-économiquement appauvries et « racialisées », n'ont jamais fait l'objet de la protection des conventions, traités ou législations internationales et elles continuent d'être les grandes invisibles de cet agenda ». Ils estiment que les seules actions que les gouvernements des deux pays ont menées visaient à assainir leur propre image, mais qu'ils n'ont pas agi pour honorer leurs obligations, » ils sont donc à la fois complices et exécuteurs testamentaires,», dénonce encore l'ONG. Le rapport est une étude qui résume plus de neuf ans de travail et de suivi sur la situation de ces femmes porteuses à la frontière marocaine avec Sebta, et s'inscrit dans la continuité d'un rapport que l'ONG avait présenté en 2016 qui a donné lieu à la campagne #LaInjusticiaALaEspalda. L'APDHA dédie son rapport à la mémoire de Fatima Bouchra, porteuse qui avait été interrogée par les auteurs du document et qui est décédée en septembre 2019 en tombant dans un ravin en l'absence de toilettes publiques. Elle avait encouragé l'organisation à raconter ce qui se passait, dans le but que « pour la première fois, elles soient considérées comme des sujets de droits et au-dessus des marchandises qu'elles transportaient ».