Elles sont des centaines à traverser plusieurs fois le point de passage de Sebta pour aller chercher la marchandise de contrebande destinée à la vente au Maroc. Ces femmes-mulets qui exercent ce métier pour subvenir aux besoins de leurs familles, sont souvent traitées comme des esclaves par les « donneurs d'ordre » qui les utilisent pour passer la marchandise en échange de 50dh la charge, et comme du bétail par les forces de l'ordre espagnoles déployées au niveau de cette frontiere de la honte. Cette situation inhumaine que vivent ces femmes sans aucune autre ressource est souvent décriée par les ONG marocaines, espagnoles, voire internationales, le cas notamment de « La Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía » (APDHA) qui, à défaut de voir ce phénomène éradiqué, a publié une sorte de décalogue destiné à améliorer la situation de ces porteuses. Elle propose ainsi de limiter le poids maximum des sacs portés sur le dos à 20kg au lieu des 69 voire 90kg dans certains cas. Dans un rapport intitulé « Respect et dignité pour les femmes marocaines qui portent la marchandise à la frontiere entre le Maroc et Sebta », la principale auteur Cristina Fuentes, citée par EFE, a expliqué qu'entre 6000 et 9000 femmes-mulets traversent quotidiennement la frontiere du Tarajal avec sur leur dos de grandes quantités de marchandises de contrebande. Le document dénonce ainsi la violation des droits humains de ces femmes qui, le long de leur parcours, sont « insultées, harcelées et sous estimées, obligées de faire la queue pour éviter qu'on leur donne des coups, tout cela pour moins de 10 euros en moyenne par jour ». Il s'agit, selon cette association, d'un trafic qui profite aussi bien à l'économie de Sebta comme au Maroc, étant donné qu'on estime à 40.000 le nombre de personnes qui bénéficient directement de ce commerce, et 400.000 indirectement. Le représentant de l'APDHA en Andalousie, Diego Boza, a déploré les abus, les agressions et les humiliations que subissent ces femmes, et annoncé le lancement d'une campagne sous le slogan: « Porteuses, l'injustice au dos ». Il espère, qu'à travers cette campagne et le rapport publié sur cette question, la classe politique, les parlements européen, marocain et espagnol, soient sensibilisés et agissent afin d'améliorer la situation de ces femmes-mulets qui font la honte de tout un peuple, comme le démontre un reportage réalisé en 2010 par France 24.