Face à une production de blé réduite de 40% en 2024, atteignant à peine 2,5 millions de tonnes, le Maroc a su tirer profit d'une baisse des prix du marché mondial pour atténuer la pression de la facture d'importation. Alors que les besoins du pays ont poussé l'import à grimper de 19%, totalisant 7,5 millions de tonnes, la facture du blé tendre a reculé de 10% au premier semestre 2024, s'établissant à 948 millions de dollars contre 1,04 milliard un an plus tôt. Cette situation insuffle une bouffée d'oxygène à l'économie marocaine en limitant les dégâts inflationnistes, tout en préservant le pouvoir d'achat des ménages. Détails. Le Maroc a su tirer parti d'une conjoncture mondiale favorable en matière de prix du blé, enregistrant des économies substantielles malgré une augmentation des importations. Cette dynamique contraste avec la tendance à la hausse des volumes d'importation, nécessaire pour compenser la chute de la production nationale de céréales, sévèrement affectée par la sécheresse. Au cours des derniers mois, les prix du blé sur le marché international ont connu une baisse marquée, offrant au Royaume une opportunité rare d'atténuer l'impact financier de ses besoins accrus en céréales. Selon les dernières données officielles, la facture d'importation du blé tendre a diminué d'environ 10% au premier semestre 2024, atteignant 948 millions de dollars contre 1,04 milliard de dollars à la même période en 2023. Ce paradoxe – une réduction de la facture malgré une augmentation des volumes importés – est révélateur de l'effet bénéfique de la baisse des prix mondiaux. Le Maroc a importé 3,23 millions de tonnes de blé au cours des six premiers mois de 2024, soit une hausse de 317.000 tonnes par rapport à l'année précédente. Cette augmentation a été dictée par la nécessité de compenser les pertes dues à la sécheresse, qui a considérablement réduit la production céréalière nationale. La stabilisation de la facture d'importation des céréales, malgré la hausse des volumes, a contribué à maintenir sous contrôle la facture globale des produits alimentaires importés, qui a enregistré une légère baisse de 0,9%, s'établissant à 4,52 milliards de dollars. Cette situation représente un soulagement pour l'économie marocaine, car elle aide à limiter les pressions inflationnistes et à protéger le pouvoir d'achat des citoyens. En effet, le maintien de prix abordables pour les produits céréaliers essentiels est crucial pour le Maroc, où les fluctuations des prix alimentaires ont un impact direct sur le quotidien des citoyens. Le Maroc, en optimisant ses achats sur le marché mondial, a su naviguer avec prudence dans une période marquée par des défis climatiques, assurant ainsi un approvisionnement continu et abordable pour sa population. La Russie renforce sa position de fournisseur clé pour le Maroc La Russie consolide sa position sur le marché marocain du blé tendre, devenant en juillet 2024 le deuxième plus grand fournisseur du Royaume. Avec un volume de 149.050 tonnes, la Russie a contribué à plus de 22% des 674.053 tonnes de blé importées par le Maroc ce mois-là, selon les données fournies par la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL). Cette performance place la Russie juste derrière la France, qui reste le premier fournisseur avec 150.882 tonnes. D'autres acteurs européens, comme la Bulgarie (88.182 tonnes), l'Allemagne (87.257 tonnes), et la Roumanie (85.890 tonnes), suivent de près. L'Ukraine (68.590 tonnes), la Pologne (31.747 tonnes) et le Canada (12.454 tonnes) complètent le tableau des principaux exportateurs vers le Maroc. Cette montée en puissance de la Russie sur le marché marocain n'est pas sans précédent. Déjà au cours du premier semestre 2024, la Russie s'était classée troisième fournisseur de blé du Maroc, avec un total de 209.689 tonnes, derrière la France (1.474.285 tonnes) et l'Allemagne (402.811 tonnes). Le mois de mai avait même vu la Russie surpasser la France, avec 61.863 tonnes de blé exportées, représentant plus de 26% des importations marocaines pour ce mois. L'augmentation des importations de blé en juillet, par rapport aux mois de juin (377.625 tonnes) et de mai (239.021 tonnes), reflète les besoins accrus du Maroc pour pallier les défis posés par les conditions climatiques et assurer la sécurité alimentaire du pays. La diversification des sources d'approvisionnement, notamment avec un acteur aussi majeur que la Russie, est une stratégie clé pour le Maroc afin de maintenir un flux stable de blé et de réduire sa dépendance vis-à-vis de certains fournisseurs traditionnels. Réduction de la production de blé au Maroc en 2024 La production de blé au Maroc en 2024 est en forte diminution, avec une baisse estimée à 40%, selon les dernières données de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture). Cette chute, qui porte la production nationale à seulement 2,5 millions de tonnes, contraint le Royaume à augmenter ses importations pour répondre aux besoins de sa population. Pour pallier ce déficit, les importations de blé devraient croître de 19% cette année, atteignant environ 7,5 millions de tonnes. Cette hausse s'inscrit dans un contexte où le Maroc, déjà l'un des plus grands importateurs de blé au monde, doit diversifier ses sources d'approvisionnement pour éviter des pressions supplémentaires sur son économie. Le Maroc, confronté à une sécheresse persistante pour la troisième année consécutive, voit son secteur agricole, pourtant crucial pour l'économie nationale, durement affecté. Initialement, la Loi des Finances 2024 prévoyait un taux de croissance de 3,7%, basé sur une production agricole de 75 millions de quintaux de céréales. Cependant, avec la production de blé qui ne devrait pas dépasser 32 millions de quintaux, ces prévisions de croissance sont désormais compromises. Le fait est que la production nationale, estimée à 32 millions de quintaux, est largement inférieure à la consommation nationale, qui dépasse les 100 millions de quintaux. Par conséquent, le gouvernement marocain devra importer entre 60 et 70 millions de quintaux de céréales pour satisfaire la demande nationale. La baisse de la production locale de blé et l'augmentation des importations auront un impact direct sur la balance commerciale du pays et sur le pouvoir d'achat des Marocains. En effet, la dépendance accrue aux importations, malgré la baisse des prix mondiaux du blé, risque de générer des coûts supplémentaires pour le Royaume. Cette situation met en lumière la nécessité pour le Maroc de renforcer ses stratégies d'approvisionnement et de soutenir davantage l'agriculture locale pour éviter de telles situations à l'avenir.