Le Maroc a connu, ce week-end, d'importantes précipitations pluvieuses et neigeuses, touchant une grande partie des provinces du nord du Royaume sous l'influence de la dépression atlantique « Jana« . Selon les prévisions de la Direction générale de la météorologie, cette dynamique pluvieuse devrait se prolonger jusqu'à samedi prochain, une perspective accueillie avec soulagement par de nombreux agriculteurs qui y voient une « lueur d'espoir » dans une saison marquée par des précipitations irrégulières et une pénurie persistante des ressources en eau. La semaine en cours est placée sous le signe d'une « forte instabilité météorologique« , avec des pluies soutenues, des averses orageuses, des chutes de neige sur les reliefs et des vents violents, pouvant atteindre des intensités significatives par endroits, indique la Direction générale de la météorologie. Ces précipitations, bien que variables selon les régions, devraient se maintenir de manière continue. Les données officielles de la Direction générale du génie hydraulique révèlent une progression du taux de remplissage des barrages, qui atteint 29,08 % ce lundi. Cette augmentation de 0,42 % par rapport à la veille (dimanche), fait suite à une première hausse de 0,27 % enregistrée entre samedi et dimanche. Selon le ministère de l'Équipement et de l'Eau, les barrages du Royaume contiennent actuellement 4,896 milliards de mètres cubes d'eau, en nette progression par rapport aux 4,132 milliards enregistrés le 10 mars 2024, lorsque le taux de remplissage était limité à 25,63 %. Des précipitations importantes mais inégalement réparties Si ces précipitations de mars représentent un soulagement pour les ressources en eau, leur impact sur les cultures céréalières demeure variable. Leur efficacité dépendra des spécificités des sols, des régions concernées et des volumes d'eau reçus. « L'augmentation des apports en eau dans les barrages marocains a atteint en moyenne 1 % entre le 3 et le 10 mars, soit environ 170 millions de mètres cubes d'eau« , explique Mohamed Baza, expert international en ressources hydriques. Dans une déclaration à Hespress, il qualifie ces pluies de « bénéfiques » après des années de sécheresse, estimant qu'elles auront « des effets positifs sur l'ensemble des usages hydriques« . Bien qu'arrivées tardivement, ces pluies restent « essentielles pour les cultures de printemps, l'élevage et la recharge des nappes phréatiques et des eaux de surface, surtout si d'autres précipitations viennent renforcer ces accumulations dans les semaines à venir« , ajoute-t-il. Jusqu'à samedi dernier, les précipitations ont concerné l'ensemble des régions marocaines, bien que de manière inégale, avec des cumuls atteignant 80 mm dans le nord et oscillant entre 25 et 30 mm dans le Souss et certaines zones du sud. Cette répartition inégale se répercute également sur les terres agricoles, notamment pour les cultures céréalières retardées par le déficit hydrique de l'automne dernier. « Alors que des régions comme le Saïss, le nord et le centre-est pourraient enregistrer une bonne production agricole, certaines zones comme Settat et les plaines atlantiques risquent de rencontrer des difficultés« , précise Baza. L'expert met également en garde contre la situation du barrage Al Wahda, le plus grand du Royaume, dont le taux de remplissage poursuit sa baisse, atteignant 38 %, contre 40 % en janvier. Il alerte sur la nécessité de « réduire la pression exercée sur les ressources en eau des barrages du bassin de Sebou« . Une saison agricole placée sous le signe de l'espoir Hamid Bouhnoun, vice-président de la Chambre d'agriculture de la région Fès-Meknès, estime que ces précipitations représentent « une excellente nouvelle » pour l'agriculture marocaine. Dans une déclaration à Hespress, il souligne que « les agriculteurs et les professionnels du secteur ont accueilli ces pluies avec soulagement, ravivant l'espoir d'une bonne saison de production ». Bouhnoun anticipe une amélioration de la production agricole, grâce aux précipitations et aux chutes de neige qui devraient favoriser les cultures céréalières et contribuer à la recharge des nappes phréatiques, essentielles pour l'approvisionnement en eau des puits. « Malgré les difficultés des saisons précédentes dues à la pénurie d'eau pour l'irrigation, les précipitations continues sur une semaine devraient renforcer les ressources hydriques, favorisant la reprise des activités agricoles et augmentant leur valeur ajoutée« , précise-t-il. L'expert observe également un effet positif sur la croissance des légumineuses et des cultures pluviales de printemps, notamment certaines variétés de légumes. « Si de nouvelles précipitations interviennent en avril, elles viendront parachever une dynamique qui pourrait faire de cette saison une des meilleures de ces dernières années« , conclut-il.