Les fortes précipitations enregistrées au Maroc ces derniers jours laissent présager une bonne année agricole. Mais bien que ces premières pluies soient importantes, celles qui surviennent durant le mois de mars et d'avril le sont tout autant, souligne néanmoins, Fouad Amraoui, expert en gestion de l'eau. Des pluies diluviennes ont frappé plusieurs régions du royaume. Une bonne nouvelle, après tant d'années de sécheresse, vidant les barrages et plaçant ainsi le Maroc parmi les pays les plus touchés par le stress hydrique. À la date du 12 décembre, l'ensemble des barrages répartis à travers le pays ont atteint un taux de remplissage de près de 50%, nous expliquent Fouad Amraoui professeur chercheur en hydrologie à l'Université Hassan-II de Casablanca et président de l'Association de Recherche Action pour le Développement Durable. Mais depuis les dernières pluies, les données disponibles sur le site du ministère de l'Equipement, du Transport de la Logistique et de l'Eau, détaillent le taux de remplissage des barrages, dont certains ont déjà atteint les 100%, tels que le barrage sur Oued Za, le barrage Nakhla celui de Bouhouda ou encore celui de Sidi Said Maachou.
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Ainsi, les réserves totales sur l'ensemble des barrages sont à ce jour de 7674,8 Mm3. «Un chiffre qui va augmenter de façon significative, grâce aux fortes chutes de neige dans les régions de Khénifra, El Hajeb, Midelt, Boulemane et Taza entre autres», souligne le spécialiste. En attente d'autres pluies De ce fait, «toutes les conditions sont réunies pour une bonne saison agricole», poursuit Fouad Amraoui. D'abord, grâce au taux de remplissage des barrages, qui est extrêmement important pour plusieurs cultures, notamment celles sous serres, et qui permettra d'avoir un bon rendu sur toute l'année, explique notre interlocuteur. En ce qui concerne les céréales, «ces premières pluies sont primordiales, mais celles qui surviennent durant le mois de mars et d'avril le sont tout autant et si nous n'atteignons pas ce deuxième pic, alors les rendements agricoles seront moindres», poursuit-il. D'ailleurs, le record pour les céréales a été enregistré lors de la campagne de 2014-2015, avec 110 millions de quintaux, atteints grâce justement à ce deuxième pic, souligne le professeur Amraoui.
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Par ailleurs, ces pluies auront un autre bienfait, celui de la recharge des nappes phréatique, fortement impactées par le stress hydrique qui touche de nombreuses régions du royaume, note le spécialiste. «Mais bien que les nappes ne puissent pas être rétablies uniquement sur une année, ces dernières pourront assurer toutefois un pompage durant les mois les plus chauds», explique-t-il. «Les espoirs sont désormais pour un deuxième pic, afin non seulement d'assure la campagne céréalière, mais aussi ne pas avoir à puiser dans les ressources souterraines et commencer l'irrigation plus tard», souligne Fouad Amraoui.